1285  à M. de Varax

Nouvelles de la Communauté. M. Maignen à Rome. La chapelle de Nazareth. S'écrire souvent.

Chaville, 18 mars 1868

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Je m'inquiète un peu de votre silence profond et prolongé; je vous avais demandé, pour vos chandeliers, est-ce 4 ou 6, doré, verni ou argenté? Point de réponse.

            M . Paillé vous a notifié le résultat de la vente de vos titres; il en a envoyé le produit à M. Berlotti, qui a accusé réception. Vous n'avez pas non plus dit à M. Paillé que tout était bien ainsi.

            De plus, nous avons eu des tempêtes, des neiges et grêles fondues; tout cela a-t-il été inoffensif pour vous? Ici, plusieurs, M. Hello et d'autres, et moi aussi, n'avons pas supporté ces intempéries sans courber un peu la tête; tous se relèvent, mais un peu languissants encore. Vous, cher enfant, roseau d'ordinaire assez flexible au vent, avez-vous résisté cette fois? Répondez-moi, et ajoutez en outre tout ce qui peut nous intéresser par rapport à vous, c'est-à-dire tout ce qui a valeur et intérêt pour des amis tendrement dévoués.

            Je ne vois pas ici de faits mémorables; M. Maignen est à Rome pour une quinzaine de jours pour une mission charitable que lui a donnée une association de gens de zèle et de foi; c'était pour lui une belle occasion, il ne faut pas demander si sa joie est grande!

            On a un peu réparé la chapelle de Nazareth dans la partie basse de la nef qui se trouve assez bien restaurée; mais faute de fonds, on n'a pu toucher au plafond qui reste parfaitement plat et nu; l'aspect d'ensemble demeure donc fort incomplet; nous sommes voués aux œuvres imparfaites; que Dieu en soit béni, si nous y trouvons l'occasion de nous humilier cordialement.

            Recommandez à Dieu, par S^t Joseph, plusieurs choses assez notables pour nous, mais qui sont à l'état d'indice simple; le nuage peut prendre corps ou bien se dissiper, Dieu seul en décidera, mais nous pouvons beaucoup par la prière sur le Cœur de Dieu.

            Puisque j'écris à vous plus qu'aux autres à Amiens, vous êtes obligé de vous faire l'intermédiaire de tous les sentiments ou communications que je n'adresse pas directement à chacun de nos ff.; faites en sorte qu'ils aperçoivent notre affection, notre sollicitude pour eux et leurs œuvres; cette habituelle relation et mise en commun de la vie de tous les membres de la famille est bien essentielle; soyez l'agent conducteur de cette mutuelle effusion.

            Adieu, bien cher enfant; croyez, pour vous et pour tous, à notre tendre dévouement en J.M.J.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost