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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1401 - 1500 (1869 - 1870)
    • 1488  à M. de Varax
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1488  à M. de Varax

Vœux de nouvel an; changement de résidence accepté de "bonne grâce" par le père de Varax; ne pas interrompre le noviciat. MLP. constate qu'il y a "beaucoup de mouvement dans nos Œuvres"; quand et comment échapper au tourbillon de ce siècle?

 

Chaville, 29 décembre 1869

            Mon bien cher enfant en N.S.,

            Je vous remercie, ainsi que vos ff., des vœux que vous m'exprimez à l'occasion de ma fête et du nouvel an; ils seront certainement exaucés, car des vœux chrétiens, bien sincères comme les vôtres, ne sont autre chose qu'une prière adressée tout haut à Dieu et dont on prend à témoin ceux pour lesquels on la fait. Vous pouvez bien penser qu'en ce sens, je vous rends fidèlement la pareille, à vous, mon bien cher ami, qui vous êtes donné si généreusement à notre petite famille et à moi, quoique indigne, pour servir le Seigneur dans une fraternelle union. Assurez bien nos frères auxquels je ne puis, comme je le voudrais tant , écrire séparément aujourd'hui, de ma constante sollicitude et de ma tendre affection. Par vos lettres si exactes, si attentives, je suis chacun d'eux presque comme si j'étais près de lui; dites-le leur bien , afin qu'ils sachent qu'aucun d'eux n'est perdu de vue et que chacun m'est toujours présent.

            Votre bonne lettre m'a encore réjoui par un autre endroit; je craignais que vous n'eussiez subi un trop grand sacrifice en prenant le poste d'Angers et que vous n'eussiez fait un effort trop pénible en l'acceptant de si bonne grâce. Comme la douce intimité dans laquelle nous vivons jusqu'ici nous permet d'adoucir l'obéissance par une cordiale entente, j'avais particulièrement à cœur que la décision à prendre fût concertée entre nous; je le voulais d'autant plus que, n'ayant aucun parti pris, je désirais avoir quelques raisons valables pour incliner en un sens ou en un autre. Vous voyant souffrant, j'avais décidé avec M. d'Arbois qu'il irait s'entretenir avec vous à Amiens et que vous verriez ensemble ce qui était de mieux à faire. M. Caille a fait changer cette disposition en nous disant que votre santé, assez bien remise, vous permettait de faire le voyage. Si la décision eût tourné autrement qu'elle n'a fait, je n'en eusse éprouvé aucun regret, loin de là; pour moi personnellement, les rapports constants avec vous m'eussent été réellement doux, votre nature sympathique et communicative m'allant singulièrement, tandis que le caractère décidé et un peu cassant de M. d'Arbois me sera une occasion de support; j'ajoute vite que son esprit d'obéissance ôtera toute difficulté véritable dans nos relations et que son bon vouloir les rendra certainement satisfaisantes.

            Dans la pensée qu'il vous faudra un aide pour N.D. des Champs, j'ai cherché des yeux quel il pourrait être; je ne trouve guère ce qui conviendrait; M. Gérold vous est très attaché et serait bien maniable en votre main, mais auriez-vous le temps de continuer pour lui quelques exercices et pratiques de Noviciat dont il a tant besoin? C'est douteux, j'en parlerai à M. Faÿ. Ce serait, en tout cas, fâcheux comme exemple et comme persistance dans la regrettable nécessité où nous nous sommes trouvés d'abréger si souvent les disciplines du Noviciat; d'autre part, je n'aperçois rien; le jeune Bouquet, moins apte aux œuvres, est presque de la même date que M. Gérold, comme novice; prions Dieu de nous aider.

            Je vois avec plaisir que tout a bien marché pour vous à Noël et dans votre grande assemblée des Jeunes Ouvriers. Ces réunions, quand elles sont bien préparées, font un bien réel à tous ceux qui y participent, les auditeurs du dehors compris; c'est une prédication sous une forme spéciale qui atteint son but plus sûrement parfois que les enseignements religieux proprement dits. Noël a eu aussi, comme les exercices du Jubilé, des résultats très satisfaisants en toutes nos œuvres. En ces bons jours, on pense volontiers à cette parole si profonde de la Sainte Ecriture: Euntes ibant et flebant mittentes semina sua; venientes autem venient, cum exultatione portantes manipulos suos.430

            Oui, il est vrai, il y a beaucoup de mouvement et une activité trop grande en nos œuvres; mais, en ce siècle, où donc, excepté dans les déserts de la contemplation, échappe-t-on à cet inévitable tourbillon? L'humanité ne marche plus, elle se précipite et, même en lui résistant, on est plus ou moins entraîné. J'espère toutefois qu'avec le temps, et mieux assis, nous aurons plus de calme, nos voies étant mieux tracées, nos moyens plus sûrs et mieux façonnés; nous allons au devant-des âmes aujourd'hui, nous courons à leur recherche, nous les suivons pour qu'elles nous suivent à leur tour; un jour, Dieu aidant, elles viendront à nous, attirées par des appâts plus puissants; souffrons donc et patientons: expectans expectavi. Veniens veniet; c'est Dieu Lui-même attendu et qui viendra. Veni, Domine Jesu!

            A propos d'attente, (gardez pour vous seul ceci) j'espère que M. Lantiez pourrait arriver dans le cours de la semaine prochaine. Il resterait un jour ou deux tout à fait incognito à Chaville et arriverait tout droit à Amiens; si ses dispositions ne sont point dérangées, elles se réaliseront ainsi. Ici, personne ne sait rien.

            Si je ne puis me faire apporter la montre ici pour qu'elle parte par cette occasion, je la ferai au plus tôt envoyer par M. Paillé.

            Adieu, mon bien bon ami et fils en N.S. A Angers, nous serons plus éloignés l'un de l'autre, mais nous ferons quelques économies pour que quelques voyages ne soient pas très onéreux; il est bien entendu que vous ferez un simple essai du diaconat et qu'après l'épreuve, nous jugerons ce que le cas pourra demander. Je vous embrasse tendrement. J'embrasse aussi tous nos ff. par vous; j'écrirai à M. Caille quelques mots d'affection, et aussi à M. Trousseau; j'envoie ici une image pour chacun; si le paquet est trop gros, j'en mettrai seulement moitié, vous ajouterez le reste.

            Votre tout affectionné ami et Père en J. et M.

                                                                                             Le Prevost

 

            Je vous prie d'offrir à Mme de Varax mes hommages respectueux à l'occasion du nouvel an.

            Pressez-vous un peu M. Marcaire pour la préparation de ses comptes?

 

 





430 Ps. 125, 6.





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