1531  à M. de Varax

Entretiens de MLP. avec les frères pendant la retraite. Difficultés à Rome.

Vaugirard, 6 mai 1870

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Notre retraite va se clore demain matin; tout s'est bien passé; nos ff. paraissent être satisfaits et vont s'en retourner en bonnes dispositions; le r.p. a été fort à leur goût; il est, en effet, aimable personnellement et ses instructions étaient simples, solides, attachantes; tous les pouvaient suivre.

            M. d'Arbois et nos ff. ecclésiastiques s'étant partagé les ff. laïcs pour converser avec eux et les aider à bien suivre le mouvement, il ne m'a pas semblé qu'aucun d'eux s'ennuyât. Un très grand nombre sont venus me voir; bien que fort soulagé par les soins des autres prêtres, je me suis senti néanmoins fatigué, ma santé s'étant trouvée ces jours-ci fort affaiblie; le bon Maître calcule tout; il y a bien à penser que, si j'eusse été plus fort, j'eusse reçu moins de secours; confiance, toujours confiance, nous ne saurions trop nous y abandonner.

            Merci des renseignements sur vos ff.; ces notes sont utiles en pareille circonstance.

            M. Gauffriau est bien remonté; si vous pouvez couper un peu le temps qu'il consacre aux enfants de la Maîtrise par un court moment qui en interrompe la continuité, il en sera fort soulagé.

            Il me paraît bien à désirer que nous ne prenions pas présentement la classe de latin pour ces enfants, car ce soin deviendra bientôt très assujettissant.

            Pour le journal, la Correspondance de Rome ne pourrait-elle suffire, ou bien un journal paraissant deux fois par semaine; une feuille quotidienne fait perdre beaucoup de temps et dissipe l'esprit.

            Nous ferons ce que nous pourrons pour faciliter votre voyage; il serait regrettable que vous fussiez absent lors de l'arrivée de M^gr Freppel, mais qui sait le moment de son retour!

            Lundi 9 mai. Vos frères sont partis si vite samedi que le temps m'a manqué pour fermer ces quelques lignes et vous les envoyer; je n'y ajoute rien, ne voyant pas de choses notables à vous communiquer.

            Nous sommes toujours incertains sur le parti à prendre relativement à notre position à Rome. M. Jean-Marie [Tourniquet] qui est maintenant, en suite de sa permutation, avec M. Emile [Beauvais] (sorte de satisfaction donnée aux aumôniers), y fait du bien, mais s'y est fort exténué. M. Beluze, qui arrive de Rome, nous assure que, s'il y passe l'été, il n'en reviendra point. Il a eu, avec les travaux, beaucoup d'ennuis. M. Jouin ne va pas, on devra le rappeler. Tous m'assurent que ce poste ne serait tenable pour nos ff. qu'à la condition d'avoir avec eux un f. ecclésiastique. Nous avions pensé à M. Chaverot, que la venue des jeunes nouveaux prêtres aux vacances (Leclerc, etc⁴³³.) pourrait, à la rigueur, dégager de Vaugirard. Faut-il prendre ce parti, ou bien rappeler nos ff.? J'inclinerais beaucoup à ce dernier moyen, car il y a en ce poste énormément de fatigue et d'épuisement corporel et spirituel, avec un bien presque philanthropique; on dit pourtant que les Pâques dernières ont été meilleures que précédemment.

            Je ne sais si je vous ai dit, comme j'aurais dû le faire, que le successeur de M. Berloti, M. X., a envoyé à M. Paillé, qui me les a remis, 3.300f. Je vous remercie de cet envoi et aussi des 5 f pour les Clercs.

     Adieu, mon bien cher enfant; je veux toujours vous appeler ainsi, bien que l'enfance naturelle s'éloigne déjà notablement de vous; la s^te enfance dure toujours.

            Votre tout affectionné ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost

            Je pense que votre très bonne mère va bien; je prie pour elle et pour tous les vôtres.