1695  à M. A. Faÿ

Sur le décès de son frère, le père Justin Faÿ. Eloge du défunt par MLP.

Chaville, 2 janvier 1872

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Nous avons lu, M. de Varax et moi, avec le plus émouvant intérêt, les détails que vous nous avez donnés sur la mort de notre bien-aimé frère, l'abbé Faÿ, doublement frère pour vous, mais si intimement uni à nous tous dans l'ordre de la grâce qu'il semblait que les liens du sang n'y pussent rien ajouter. Ce n'est pas sans quelques larmes que j'ai assisté, par votre écrit, aux derniers instants, aux aspirations et suprêmes prières de cette âme si ardente pour le bien, si généreuse dans son dévouement, si cordiale et si fidèle dans ses affections. La perte de ce vaillant associé de nos plus rudes travaux, jointe à celle de plusieurs autres non moins courageux, aussi rappelés à Dieu en cette même année, m'a été particulièrement douloureuse, moins pour moi qui ne saurais beaucoup tarder à le rejoindre, que pour notre famille spirituelle ainsi amoindrie et contristée. Mais, comme vous ne manquez pas de le faire vous-même, en tournant les yeux au Ciel, je retrouve la confiance et la paix. Dieu nous les avait donnés. Il nous les a repris, que son saint nom soit béni!

            Ce nous sera une consolation de vous revoir bientôt au milieu de nous; comptez bien, mon cher enfant, que tous, et moi en particulier, nous ferons en sorte de vous rendre, par un redoublement de cordial attachement, la douce et puissante assistance que vous trouviez dans votre union avec votre frère; l'ardente charité qui remplissait son cœur demeurera au milieu de nous, et vous en sentirez l'influence dans tous vos rapports avec cette famille spirituelle que la charité divine vous a suscitée.

            Adieu, mon bien cher ami et fils en N.S., nous vous ferons parvenir sans retard ce qui vous sera nécessaire pour votre retour.

     Votre ami et Père                                                         Le Prevost