1696  à M. l'abbé Braun

Un mot sur les Servantes du Sacré-Cœur. Raisons qui ne permettent pas, actuellement, de fonder en Angleterre.

Chaville, 2 janvier 1872

            Mon bien bon abbé et fils en N.S.,

            Nous sommes bien sensibles au témoignage d'affection que vous conservez pour la petite famille, que les distances ne vous laissent pas oublier.

            Nous nous intéressons toujours à vos Sœurs et à leurs succès dans les œuvres de Dieu. Celles que nous avons sous les yeux à Vaugirard vont très bien. J'ai eu occasion de les voir et de m'entretenir avec chacune d'elles à la fin du trimestre, et j'ai pu constater leurs bonnes dispositions. La Supérieure me disait elle-même qu'elles étaient contentes, et que tout allait bien. Nous voyons avec plaisir que cette petite Société, pour laquelle vous avez été l'instrument de la Providence, se répand de plus en plus pour la gloire de Dieu.

            Pour les propositions que vous nous faites, nous ne voyons pas bien que le moment soit venu d'y donner suite. Nous irions volontiers, sous le bon plaisir de M^gr Manning, prendre part au bien qui se fait et travailler à la régénération qui se prépare en Angleterre, mais vous savez combien nous sommes pauvres en sujets en ce moment. Puis, nous n'avons pas de frères qui sachent l'anglais. Le temps d'en former pour cette œuvre serait bien long et peut-être serait-il préférable que, d'après les vocations que vous faites espérer parmi les Irlandais, on dirigeât vers notre Maison-Mère quelques sujets ayant quelques notions suffisantes du français pour vivre en commerce habituel avec nous et se former à notre genre de vie. Après un temps suffisant de formation, ces sujets pourraient retourner en Angleterre, avec un ou deux sujets français, et travailler alors aux œuvres que leur confierait la bienveillance de M^gr Manning. Jusque là, vraiment il nous paraît difficile d'entreprendre quoi que ce soit de ce côté.

            Tous nos ff. vous envoient leur souvenir affectueux et prient pour vos œuvres.

            Adieu, mon bien cher frère, croyez en mon affection cordiale et bien dévouée en N.S.

                                                                                             Le Prevost p^tre.