1757  à M^me la Marquise de Houdetot

A propos d'un livre de l'abbé Bautain.

Chaville, 29 juin 1873

            Madame la Marquise,

            Je suis bien confus d'avoir tant tardé à vous envoyer l'ouvrage dont je vous avais parlé dans les derniers temps de votre séjour à Paris; les recherches que j'ai faites chez nous ont été inutiles, et je n'ai pu non plus le trouver au dehors, faute d'avoir un souvenir précis du titre et du nom de l'auteur. J'ai pensé que le livre composé par M. Bautain, ancien Directeur de Juilly et Vicaire Général de Paris, pourrait remplacer avantageusement celui qui me faisait défaut, et j'ai pris la confiance de vous l'envoyer; j'avoue que je ne l'ai pas lu, mais c'est un écrit fort estimé; l'auteur, que j'ai beaucoup connu, était un homme de  grand talent, moraliste de premier rang; je serais heureux si son livre vous agréait et vous était un peu utile. Je crois bien que Madame votre mère, et aussi Madame votre belle-fille, le liraient avec intérêt; les jours de pluie, à la campagne, on fait volontiers quelque lecture. Voilà déjà longtemps que je n'ai reçu de vos nouvelles, Madame la Marquise; j'aimerais bien savoir si votre santé se soutient, si Madame la Vicomtesse d'Hurbal et tout votre entourage, y compris la petite Marie, vont bien, si la grande ferme est louée et bien d'autres choses encore. Pardonnez-moi, je vous prie, tant de curiosité, mais comment faire autrement quand on s'intéresse de cœur à tous et à toute chose dans un cher monde choisi, vénéré et aimé?

            J'espère qu'en témoignage de l'indulgence à moi accordée, je vais recevoir une lettre un peu longue, je n'ose dire beaucoup, qui me donnera joie et bonne confiance en l'avenir.

            Veuillez agréer, Madame la Marquise, et partager avec Madame d'Hurbal et tout ce qui vous est cher, mes sentiments de respect et de dévouement en N.S.

            Votre humble et obéissant serviteur

                                                                                             Le Prevost