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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1 - 100 (1827 - 1843)
    • 81-1  à un Confrère de St-Vincent-de-Paul.
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81-1  à un Confrère de St-Vincent-de-Paul.

Rapport sur la Conférence St-Sulpice.

 

29 avril 1840

Mon cher confrère,

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint les notes qui m'ont été remises par le secrétaire et le trésorier de la Conférence de St-Sulpice.

Je n'ai rien à y ajouter, la situation de cette Conférence étant à peu près la même en ce moment qu'elle était lors de notre dernière assemblée générale.

Je suis, avec des sentiments bien affectueux

Votre tout dévoué confrère

Le Prevost

 

RAPPORT SUR LA CONFERENCE DE ST-SULPICE90

7 avril 1840

15 décembre 1835               M. Chaurand Président

M. Le Prevost   idem

Section de St-Sulpice de 1836 à 1840

 

L'origine de la Conférence St-Sulpice se confond avec celle de la Société de St -Vincent. Elle a eu une existence séparée dès que le nombre des associés a été assez considérable pour exiger leur répartition entre plusieurs sections différentes. Les séances régulières de la section de St-Sulpice ont commencé le 15 décembre 1835, sous la présidence de M. Chaurand, qui a été remplacé par M. Le Prevost, président actuel de la Conférence.

ŒUVRES DE LA CONFERENCE - Conformément au bien général de la Société, la section de St-Sulpice s'est proposé la visite et le soulagement des familles pauvres de la paroisse, dont chacun des membres visite régulièrement quelques-unes. Afin d'en rendre compte, non seulement de l'état matériel, mais aussi de l'état moral et religieux de ces pauvres, la Conférence avait coutume, dans l'origine, de demander à chacun des membres un rapport spécial et détaillé sur chacune de ces familles. Cette mesure qui produisit d'abord les meilleurs résultats, dut cependant être abandonnée quand le grand nombre des membres de la Conférence permit d'augmenter considérablement celui des familles; on chargea alors, une fois par an, un certain nombre de membres de faire une inspection de toutes les familles de la paroisse et de rendre à la Conférence un compte général de leur situation. Cette mesure nouvelle n'a pas encore paru suffire pour donner à la Conférence entière, aux membres, au président et au secrétaire, une connaissance habituelle et approfondie des besoins des pauvres, et la Conférence a décidé, en 1840, que 10 membres seraient chargés d'une manière permanente, de la surveillance d'une section de la paroisse pour obtenir, aperçus dans l'occasion, tous les renseignements nécessaires sur les familles visitées.

La Conférence de St-Sulpice n'a jamais mis d'interruption complète dans ses séances ni dans la visite des pauvres. Seulement la première année, l'extrême diminution de ses membres l'a obligée de recourir pour quelques semaines à la section de St-Jacques. Durant les vacances suivantes, les membres restant à Paris se sont efforcés de remplacer leurs Confrères en redoublant d'assiduité; on n'a abandonné, momentanément, que les familles les moins nécessiteuses.

La Conférence, sans se borner absolument à la visite des pauvres, s'est occupée activement de procurer des places ou du travail aux personnes de la classe ouvrière qui lui ont été recommandées, jusqu'à l'établissement de la Commission du placement qui s'occupe maintenant de satisfaire aux demandes adressées de toutes les sections.

La Conférence de St-Sulpice, surtout depuis qu'elle est présidée par M. Le Prevost, a toujours eu sous son patronage direct la Maison des Orphelins; c'est elle qui, la première, a organisé la loterie qui se tire annuellement au profit des jeunes apprentis.

Dans ses différents travaux, la Conférence a toujours trouvé un grand secours dans la bienveillance de M. le Curé de St-Sulpice qui vient de temps à autre visiter et présider ses séances.

PERSONNEL - La section de St-Sulpice a toujours été, à peu près, l'une des plus nombreuses de la Société de St-Vincent. Formée d'environ quarante membres au commencement de 1836, elle en comptait plus de cent à la fin de cette année - cent cinquante au moins étaient inscrits sur ses registres en 1837, 1838. Mais la formation de plusieurs Conférences voisines, que celle de St-Sulpice a dû soutenir, à leur naissance, en leur envoyant un certain nombre de ses membres, a peu à peu diminué son personnel; elle est composée, en 1840, d'environ cent vingt membres dont quatre vingts ou quatre vingt dix s'occupent activement de la visite des familles. Le nombre des familles visitées a suivi les variations du nombre des membres; il est, en 1840, de 210 à 220.

NATURE DES SECOURS - Les secours qui sont distribués aux familles consistent en bons de pain, de bouillon, de viande ou de pommes de terre. Des secours extraordinaires en argent sont accordés pour les besoins urgents.

Le vestiaire fournit un assez grand nombre d'objets d'habillement de tous genres, aux pauvres. Enfin des draps et des couvertures acquises par la Conférence sont prêtées aux pauvres pendant leurs maladies ou pendant les froids de l'hiver.

RESSOURCES - Pour subvenir à toutes ces différentes dépenses, la Conférence n'a aucune ressource régulière: aucun sermon de charité, aucune loterie particulière n'a rempli sa caisse pour quelque temps à l'avance. Une seule fois, un legs de l'un de ses membres l'a mise à même de faire une distribution générale de secours pécuniaire aux pauvres les plus nécessiteux. Ses revenus consistent dans le produit des quêtes faites à chaque séance, ou les dons faits, de temps à autre, par M. le Curé ou quelques personnes étrangères.

Elle a cherché à y joindre quelques accessoires comme le placement de billets de souscriptions, soit perpétuelles, soit bornées à la durée de l'hiver, ou mieux de billets payables en une seule fois, sans engagement ultérieur. La vente des exemplaires de la vie de St Vincent, sur laquelle chaque Conférence avait un petit bénéfice, lui a fourni pendant quelque temps un supplément de revenus. Quelquefois, elle a eu recours à la vente de quelques objets donnés par des membres. Mais la régularité de ses faibles ressources l'oblige à vivre au jour le jour, sans avoir même de caisse remplie pour les besoins du lendemain, ou plutôt à se fier entièrement dans la bonté de la Providence qui jusqu'à présent ne lui a pas manqué.91

RECETTES ET DEPENSES - Chaque année a amené une augmentation dans le chiffre des recettes et, par conséquent, a permis d'étendre les dépenses.

                         Recettes                                             Dépenses

1836                

1 569,50        

1 495,55        

1837                

2 218,60        

2 112,60        

1838                

3 429        

3 509        

1839                

4 302,80        

4 234        

7 avril 1840

1 153,95        

1 115,25        

 

12 635,15

12 505,10

 

La Conférence ne s'est pas bornée à procurer aux pauvres un soulagement matériel; les exhortations de son président, celles de M. le Curé de St-Sulpice et de tous les ecclésiastiques qui, de temps en temps, sont venus la visiter, ont eu pour objet constant de graver dans l'esprit des jeunes gens la nécessité d'exercer une action morale sur les indigents, de les ramener à la religion à l'aide de la charité, - et, au grand nombre des membres de la Société de St-Vincent, qu'ils s'étaient fait à eux-mêmes un bien spirituel ineffable en travaillant au salut de l'âme comme au salut du corps de ceux qui leur sont confiés.

SEANCES - Les séances de la section de St-Sulpice se tiennent, depuis le 13 décembre 1836 dans une salle attenant à l'église même. Les séances s'ouvrent avec une lecture pieuse qui depuis 1838, se fait dans la vie de St Vincent: il a semblé que nulle part on ne trouvera des exemples plus beaux et plus pratiques de charité que dans la vie de ce grand patron de toutes les bonnes œuvres, qui est aussi le Patron de notre Société entière.92

La distribution des secours en nature, les propositions et les demandes de places occupent la plus grande partie de la séance qui se termine par la prière, ainsi qu'elle a commencé.

 

 





90 Ce document joint n'est pas de la main de MLP.



91 Le président n'aime guère voir la caisse pleine. "Jamais nous n'y laissons amasser de l'argent, notre habitude est d'aller au jour le jour. Nous attribuons fréquemment des secours en argent; il y a telle misère qu'on ne peut secourir par des bons. Mais la plupart du temps, la Conférence vote des secours sur les fonds qu'elle n'a pas encore; la Providence y pourvoit." Assemblées générales de la SSVP., 21 juillet 1839, f.45.



92 Dans une lettre à son ami intime, François Lallier, F. Ozanam écrivait de Lyon, le 17 mai 1838, à propos des réunions de la Conférence de Lyon : "...nous lisons maintenant, au lieu de l'Imitation, la Vie de saint Vincent de Paul, pour mieux nous pénétrer de ses exemples et de ses traditions. Un saint patron n'est pas en effet une enseigne banale pour une Société comme un saint Denys ou un saint Nicolas pour un cabaret. Ce n'est même pas un nom honorable sous lequel on puisse faire bonne contenance dans le monde religieux: c'est un type qu'il faut s'efforcer de réaliser, comme lui-même a réalisé le type divin de Jésus Christ. C'est une vie qu'il faut continuer, un cœur auquel il faut réchauffer son cœur, une intelligence où il faut chercher des lumières; c'est un modèle sur la terre et un protecteur au ciel; un double culte lui est dû; d'imitation et d'invocation." (L. 175, t.1, p.309).





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