84  à M. Levassor

Excuses pour n'être pas allé à son ordination sacerdotale. "Pauvre laïc très indigne", MLP. a gardé de la nostalgie pour cet état de vie auquel il n'a pu accéder.

9 octobre 1840

Mon bien cher frère,

J'ai regretté infiniment de ne m'être pas trouvé à la maison lors de votre rapide passage à Paris, regretté aussi de n'avoir pu au moins vous voir à la voiture, regretté enfin surtout de ne m'être pas rendu à Chartres, comme je l'aurais tant désiré, pour votre ordination. J'ai prié du moins mal qu'il était en moi dans la chapelle du bon saint Vincent à qui vous êtes si cher et à qui vous allez, j'en suis sûr, de plus en plus ressembler. Cela a été ma seule consolation et c'est aussi ma ressource ordinaire dans toutes mes impuissances d'esprit, de volonté et de jambes tout ensemble.

J'attendais avec une vive impatience une lettre cœur à cœur, où vous me direz, cher ami, autant que Dieu vous le permettra, tout ce que ce divin Père a fait pour vous dans ce grand jour de votre consécration définitive, et aussi dans ce très adorable sacrifice qu'il vous a été donné d'offrir avec notre Sauveur. Oh! vous ne me direz pas tout, je le sens bien; qui pourrait tout dire, en pareil cas? Mais j'en verrai assez pour que mon âme soit édifiée et mon cœur rempli de joie à cause de votre bonheur.

Dites-moi aussi, cher abbé, que vous avez prié pour moi, pauvre laïc très indigne, et que vous m'avez mis dans le sein de notre Dieu avec tous ceux qui vous sont chers et que vous aviez droit, ce jour-là surtout, de recommander à son amour.

Il faut que je finisse vite cette lettre, cher ami, bien qu'il me fût si doux de la prolonger. Je vous l'écris particulièrement pour vous demander ce que vous voulez faire désormais pour le loyer de vos pauvres protégées. Le terme est échu, elles crient misère; que vais-je faire? Dites-moi cela, bien promptement, je vous prie.

Mille tendres sentiments en N.S.

Votre frère dévoué

Le Prevost