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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 101 - 200 (1843 - 1850)
    • 112  à M. Pavie
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112  à M. Pavie

Sollicitude pour les enfants de son ami. Nouvelles de sa mère, née Rosalie Duchatard. Difficulté à obtenir un congé. Il renonce à son voyage à Angers. Décline la proposition d'être parrain.

 

Paris, le 10 mai 1844

Cher Victor,

Vous avez mille fois raison; personne ne vous aime plus sincèrement que moi et après votre femme, ne vous est plus proche et plus intimement uni. Tout ce qui ajouterait quelque sanction nouvelle à ce lien de tendre fraternité me serait donc bien doux et répondrait aux plus chers vœux de mon cœur. J'ai vu naître en vous le sentiment qui vous attache à votre bien-aimée femme. J'ai vu votre union se former puis, après avoir partagé votre attente, j'ai pris part à vos joies, à la naissance de vos enfants. Je ne compte pas m'arrêter là, je les suivrai de l'œil quand ils vont grandir et, s'ils s'abattent ici, où tout vient au moins pour un temps, la surveillance paternelle et maternelle au besoin leur sera rendue, j'ose vous l'assurer, dans ma tendre sollicitude pour eux. Jusque là tout va bien et nous sommes d'accord. Quant au reste, nous le sommes encore par le désir commun, mais je ne puis vous suivre plus loin. Je ne partage pas, en effet, votre confiance dans les bons vouloirs administratifs et je puis même répondre que toutes ces délicieuses harmonies, suscitées si profondément au fond de mon cœur par votre bonne et amicale lettre seraient ici inentendues et sans aucun écho.

Il y a deux ans que je n'ai vu ma vieille mère et, quand, au nom de ses 82 ans, je demanderai huit jours pour l'aller voir, à tout hasard, de peur que le temps me manque plus tard pour l'embrasser une dernière fois, il me faudra de longues luttes et des instances persévérantes, si je veux les obtenir.

Donc, cher ami, à mon grand regret, au grand regret aussi de ma femme, à laquelle ce voyage, avec un but si aimable, a souri dès l'abord, il n'y faut pas compter. Quand on me ferait promesse maintenant d'un congé, je n'y devrais pas croire davantage. Au moment de l'exécution, mille raisons péremptoires surgissent, je le sais trop par expérience et, de délai en délai, on m'amènerai jusqu'en plein hiver, où d'autres difficultés viennent fortifier les précédentes.

Le parrainage étant déjà une substitution, je crois que la transmettre à un remplaçant est en affaiblir encore la puissance et lui faire perdre presque toute sa valeur. Il faut donc, cher Victor, nous résigner présentement et attendre un meilleur temps. Le cercle s'agrandira encore autour de vous et, plus libre alors peut-être, j'accourrai à votre appel.

Faites partager, je vous prie, à votre chère femme, toutes nos tendres affections et ne manquez pas d'apprendre mon nom à vos petits enfants.

Je les embrasse et vous avec eux.

Tout à vous de cœur.

Le Prevost

 

Le jeune homme que je vous avais recommandé est placé ici assez convenablement et marche très bien, comme j'en avais la confiance. Soyez en paix, cher ami, j'ai pris votre refus comme il devait être pris. Je vous ai promis de ne jamais douter de vous, je tiendrai parole, toujours.

 

 




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