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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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159 à M. MyionnetRappel des événements qui ont poussé M. Maignen à quitter brutalement sa famille. Prudence de MLP. Pourquoi il l'a envoyé chez M. Levassor et non chez Mgr Angebault. Projet de retraite des frères Myionnet et Maignen à La Trappe.
Duclair, 7 septembre 1846 Mon bien cher frère, Je pensais déjà que nous ne pouvions repousser notre cher f. Maignen, s'il est bien déterminé à se joindre à nous, mais je désirais voir mon avis confirmé par celui de M. Beaussier et par le vôtre; la seule chose que nous ayons, ce me semble, à examiner avec notre jeune ami, c'est la fermeté de sa résolution. Depuis longtemps, m'a-t-il dit, il était tout à fait décidé à briser tous les obstacles pour se donner entièrement à Dieu et il n'attendait qu'une occasion favorable, mais il se défiait de ses forces et craignait de faiblir avec sa famille au moment de l'épreuve. Mercredi dernier, en suite d'une très minime contrariété qu'il avait eue dans sa maison, il s'est senti inspiré de profiter de l'espèce d'excitation qu'il y puisait pour franchir le pas et il a, en effet, consommé son sacrifice. Il m'a assuré qu'il ne s'était pas un seul instant exagéré le motif de son mécontentement qu'il traitait lui-même d'enfantillage, mais que volontairement et avec réflexion, il avait saisi ce prétexte pour prendre son élan. En effet, il a passé le jour à arranger ses affaires, au moins provisoirement, il est parti le soir pour Rouen, où il a couché, et le lendemain jeudi il est arrivé près de moi. J'ai craint qu'il ne fût tourmenté par son frère, dont on pouvait penser qu'il serait suivi, je l'ai donc invité à se rendre immédiatement auprès de M. Levassor; il n'est resté avec moi que quelques heures; à 5h. du soir il est reparti pour Rouen, il a dû y coucher et partir vendredi dans la journée pour Chartres où il n'aura pas, apparemment trouvé M. Levassor. Ma lettre à M. Beaussier contenait en substance ces détails, mais vous ne paraissez pas, mon cher frère, en avoir eu connaissance, car vous semblez penser que notre ami est encore avec moi. J'attendais de lui une lettre aujourd'hui, je pense qu'elle ne peut manquer de m'arriver demain. Mon but principal et, à vrai dire, unique en envoyant notre ami chez M. Levassor était de le laisser entièrement indépendant et libre pour la réflexion comme pour l'action, durant les quelques jours qui pouvaient s'écouler jusqu'au moment où sa démission, qu'il était encore maître de retirer, serait devenue irrévocable. Je lui avais fait toutes les observations possibles, pour bien éclairer son esprit sur les inconvénients de sa résolution subite et sur les avantages qu'il eût trouvés à choisir plus sagement son temps; il a persisté dans sa volonté. Il me semble que si, après quelques jours écoulés et le temps de retirer sa démission étant passé, il reste ferme dans sa volonté, nous ne pourrons douter de sa résolution et ne devrons pas non plus lui refuser de l'admettre parmi nous. Alors je ne verrais pas l'utilité du grand voyage que vous proposeriez de lui faire entreprendre à Angers, voyage assez dispendieux et pour lequel il aurait, je crois, beaucoup de répugnance. Il se montrait déjà bien triste de s'en aller loin de nous, à Chartres, avec des étrangers, au moment où notre présence et l'appui de notre affection fraternelle lui eussent été si nécessaires; je pense qu'il aurait encore plus de regret de se remettre en route et d'aller à une si grande distance. Je verrais à ce voyage un inconvénient plus grave, celui de conduire peut-être Mgr à reprendre envers nous les vues d'autorité absolue qu'il avait adoptées d'abord et qui eussent pu, sans la réserve que nous y avons mise, nous créer de sérieux embarras; enfin nous avons pu nous convaincre, en plusieurs circonstances, que ce vénérable prélat, dont je sais d'ailleurs l'expérience et la haute piété, n'avait pas entièrement compris notre pensée ni saisi exactement les circonstances de notre position; je doute donc qu'il eût grâce spéciale pour diriger notre cher frère, surtout ne connaissant pas de longue main son caractère, ses habitudes ni ses dispositions. Voilà, mon cher frère, ma pensée sur le moyen que vous proposez; je la livre à l'examen de M. Beaussier et au vôtre en toute simplicité et bien résolu d'avance de me ranger à votre avis si le mien ne vous paraît pas le meilleur. Si, au contraire, vous jugiez bon de l'adopter, je crois qu'on pourrait maintenir pour quelques jours notre ami à Chartres ou ailleurs jusqu'au moment de votre départ; alors vous l'emmèneriez avec vous au lieu où vous devez aller pour prendre quelque repos et vous feriez ensemble une absence d'une quinzaine de jours; cela me semblerait suffisant pour remettre toutes choses en leur lieu. Je comptais partir pour vous retrouver au commencement de la semaine prochaine; si vous croyez que, pour faciliter votre départ et celui de M. Maignen, je doive hâter mon retour, ne manquez pas de me le dire sans nulle hésitation. Adieu, mon bien cher frère, je vous embrasse tendrement ainsi que notre excellent p. Beaussier et suis en N.S. Votre frère dévoué Le Prevost
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