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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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230 à M. Myionnet178Regret de MLP. d'être éloigné de ses frères. L'heure semble être arrivée de se consacrer à Dieu par les trois vœux : "nous n'avons jamais eu d'autre pensée". Malgré les épreuves, bonheur d'être appelé à la vie religieuse.
Valéry-en-Caux, 23 août 1852 Très cher ami et fils en N.S., Si j'en avais cru mon désir, je vous aurais écrit dès le lendemain de mon arrivée, car il me semblait déjà que je vous avais quitté depuis longtemps ainsi que nos chers frères et nos petits enfants; je ne suis d'ailleurs guère loin de vous par la pensée car, le f. Paillé et moi, nous parlons de vous ou nous prions pour vous, double manière de rendre présents les amis absents. Les quelques lignes que je vous écris ici seront à peine lisibles, car j'écris en plein air, avec un simple caillou pour marchepied. Je n'ai pas encore beaucoup avancé ma saison de bains, car je n'en ai pris encore que deux, la mer ayant été houleuse depuis deux jours; aujourd'hui même les lames étaient si rudes qu'elles m'ont renversé deux fois avec mon f. Paillé qui voulait me soutenir et qui simplement tombait avec moi;
Quel que soit le temps, favorable ou non, je ne compte pas beaucoup prolonger beaucoup mon séjour ici; lundi, je pense, je partirai pour rendre à ma sœur la visite sur laquelle elle compte et que je ne saurais lui refuser; après un court repos près d'elle, je vous reviendrai un peu plus fort, je l'espère, bien résolu en tout cas à travailler de mon mieux avec vous pour la gloire de Dieu et pour le soutien de nos œuvres qui n'ont pas d'autre fin. Je tâche ici même de ne pas demeurer entièrement inutile; je viens d'écrire longuement à notre p. Beaussier, afin qu'il prie ardemment pour nous avec les saintes âmes qui l'entourent; je lui communique en même temps les quelques pensées qui nous sont venues et je lui demande son avis sur divers points qui nous intéressent. La réflexion n'a fait que me confirmer dans le sentiment que le divin Maître nous demande de faire un pas de plus à son service, de nous attacher à Lui par un lien plus fort et de nous unir en même temps les uns aux autres plus fermement que par le passé; les dispositions de chaque membre de la Communauté pris séparément sont parfaites: esprit, cœur, forces, tout est à Dieu et pour Dieu; il faut unir et fondre ensemble ces éléments précieux, en faire une force commune, un amour commun et employer ce puissant moyen pour glorifier le Seigneur, nous sanctifier nous-mêmes et aider au salut de nos frères. Avons-nous eu jamais une autre pensée et n'avons-nous pas tout attendu de Dieu? Comment donc nous rejetterait-il, Lui qui cherche ceux qui le fuient et qui heurte à la porte qu'on a fermée devant Lui? Je me sens plein d'espérance; veniens veniet, nous répète souvent notre bon p. Beaussier; le Seigneur vient, son jour arrivera; patientons et persévérons, par là déjà nous mériterons bien de notre Dieu. Car la patience nous unit au Cœur de Jésus, la persévérance est un signe de la confiance et de l'amour. Je voudrais pouvoir écrire ici quelques lignes particulières pour chacun; mais, en devenant si générale, ma lettre n'atteindrait plus personne. Je me borne à recommander à nos chers frères d'oublier les quelques difficultés et peines de chaque jour pour songer à l'immense grâce que Dieu leur a faite en les confirmant dans la foi, en leur donnant tant de moyens de préservation et de salut; j'ai à peine un pied hors de notre Communauté et je n'aperçois que par échappée quelques scènes du monde; oh! combien elles me font chérir l'état saint où nous sommes placés, combien elles me montrent les difficultés du salut dans une pareille atmosphère; qu'ils sont heureux ceux que Dieu a mis à l'abri dans un air plus pur et qu'Il fait marcher sous ses yeux, au son de sa voix paternelle! Daigne le Seigneur nous garder tous ainsi jusqu'à notre dernier jour. Je serai charmé de recevoir un petit mot particulier de chacun des frères qui auront un moment de loisir à me consacrer, je leur répondrai aussi et cela tiendra lieu du petit entretien que nous avons chaque semaine ensemble. Je ne recommande point à notre cher abbé Lantiez son petit noviciat et l'âme de ses petits enfants; il les a tous dans son cœur et les couve comme une poule qui a ses petits sous son aile; il imite ainsi notre bien-aimé Jésus qui s'est offert à nous sous cette douce image. Mon fils Maignen peut acheter définitivement le Christ de Fiesole; nous avons résolu, mon f. Paillé et moi, que nous vendrions la Ste Barbe qui est rue du Regard pour couvrir une partie de la dépense. Je le prie de voir le p. Bourard et de lui dire que j'irai lui rendre visite à mon arrivée; je paraîtrais autrement incivil avec lui. Je vous embrasse tous bien tendrement, très chers enfants, mon éloignement me fait sentir encore plus vivement combien vous m'êtes chers; unissons-nous dans les Cœurs divins de J. et de M. pour traverser ce monde et atteindre l'éternelle union qui nous attend en Dieu. Votre ami et Père en N.S. Le Prevost |
178 La lettre est adressée à M. Myionnet, rue de l'Arbalète. Après celle de 1832, une nouvelle et grave épidémie de choléra s'était abattue sur Paris en 1849, faisant un grand nombre d'orphelins. MLP. avait eu l'idée d'en recueillir une cinquanaine, dans le cadre des Conférences. Désireux d'élargir le cercle de ses œuvres, il trouve à louer une maison pour son propre Orphelinat. Le 2 février 1851, il s'installe au 39 de la rue de l'Arbalète, dans le quartier de la rue Mouffetard. Le frère Myionnet en est le premier directeur et M. Lantiez le premier aumônier. |
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