246  à M. Caille

Importance d'une correspondance régulière. Activités des Oeuvres de Paris. Rôle de la prière chrétienne: que Dieu "daigne tout faire Lui-même", car nous sommes des serviteurs inutiles. Dévotion au Sacré-Coeur.

Paris, 15 juin 1853

J'attendais depuis quelque temps déjà de vos nouvelles, car voilà bien longtemps que vous ne nous avez écrit; nous désirions d'ailleurs savoir comment va Jules Sausset dont la santé était encore bien frêle lorsqu'il nous a quittés; enfin, la famille du jeune Marcaire souhaitait vivement d'apprendre que vous étiez content de lui et que vous en conceviez quelque bonne espérance. Je vous prie, très cher ami et fils, de nous rassurer sur ces différents points et de nous dire aussi tout ce qui intéresse vous et vos enfants et vos œuvres; tout cela nous est commun avec vous, il ne faut pas que nous le perdions de vue trop longtemps, afin que notre attention comme notre affection en soit toujours occupée.

M. Vasseur me dit que peut-être votre inventaire, qui se fait annuellement à cette époque, a pu vous empêcher de nous donner signe de souvenir; s'il en était ainsi, bien cher ami, vous pourriez, sans faire une longue correspondance, nous écrire seulement quelques lignes qui nous tranquillisent sur vous et sur les vôtres.

Nous allons ici comme de coutume, assez bien et avec les bonnes dispositions de tous. Le bon Maître est toujours plein de miséricorde pour nous, ses indignes serviteurs, et daigne bénir notre petite famille et ses humbles travaux. Nous n'avons point de faits nouveaux méritant mention; deux nouvelles Saintes-Familles établies, l'une à Grenelle, l'autre aux Gobelins, dans le voisinage de la rue de l'Arbalète, fonctionnent bien et semblent promettre une heureuse action. Notre f. Maignen travaille toujours avec ardeur à son Patronage qui s'accroît et marche bien; il s'y fatigue beaucoup; il a maintenant un surcroît de travail durant quelques jours; il réunit tout le jour rue du Regard les enfants de la paroisse qui sont en retraite pour la première communion. De cette façon, les enfants sont moins dissipés, ne courent pas les rues et se préparent mieux à la grande action qu'ils vont faire; on les occupe d'ailleurs de quelques pieux exercices durant la journée. Je crois qu'il sortira quelque bien des peines qu'on prend pour cette bonne œuvre.

Votre cher enfant, M. Vasseur, va jusqu'ici très bien parmi nous, il commence à prendre l'intelligence et le goût des choses spirituelles, sans perdre en aucune façon l'amour de son travail; j'ai bonne espérance pour son avenir. Mais si peu de chose suffit à cet âge pour mettre l'esprit hors de sa voie, qu'il faut incessamment veiller et prier. Priez donc beaucoup, cher ami, pour ce cher enfant qui vous doit déjà tant et qui vous devra plus encore si vous assurez sa persévérance et sa confirmation dans le bien.

Notre f. Maignen prépare un règlement pour son patronage, il vous le communiquera; il a aussi un rapport bien fait sur la maison de patronage de la rue St-Quentin¹⁸⁵, il vous le communiquera, si cela vous est agréable.

Adieu, bien cher ami et fils, priez toujours beaucoup pour nous et pour toutes les âmes que le bon Maître nous permet de soutenir un peu; c'est une si grande tâche et nous sommes si insuffisants; que le Seigneur daigne tout faire Lui-même, car nous ne sommes propres à rien de bon et de saint.

Je vous embrasse tendrement dans les Cœurs de J. et de M.

Votre dévoué ami et Père en N.S.

Le Prevost

Je vous recommande le petit livre du mois du Sacré-Cœur; tâchez que ce beau mois ne passe pas inaperçu.