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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 201 - 300 (1850 - 1855)
    • 284-1 à Mgr Angebault
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284-1206 à Mgr Angebault

Etat de la Communauté et des Oeuvres. L'année 1854, année du déménagement à Vaugirard. Beaucoup de charges difficiles à maîtriser.

 

Vaugirard 15 janvier 1855

Monseigneur,

Le premier mois de l'année est déjà à demi écoulé et vos enfants de Paris ne sont pas encore venus pour vous offrir leurs hommages et leurs vœux. D'où vient donc tant de retard; ont-ils donc oublié vos bontés paternelles, vos précieuses directions, la tendre reconnaissance qu'ils vous ont vouée? Oh non, Monseigneur, tout cela est encore vivant au fond de leurs cœurs et ne s'en effacera jamais; seulement ils sont faibles et bien peu expérimentés encore dans la voie sainte où le Seigneur a daigné les faire entrer sous vos auspices, et les moindres tâches sont pour eux un pesant fardeau; ils plient donc sous le faix et gémissent incessamment de leur insuffisance. daignez leur pardonner, Monseigneur, et être bien assuré que nonobstant leur apparente négligence, jamais ils ne furent remplis pour vous de plus de vénération et de gratitude, jamais ils ne firent pour vous et pour votre peuple des souhaits plus ardents, jamais enfin ils ne désirèrent plus vivement le bonheur de vous voir, d'entendre vos douces et affectueuses exhortations, de recevoir votre paternelle bénédiction. Puisse le Seigneur les exaucer, donner succès à vos saintes entreprises et vous garder de bien longues années à l'amour de votre troupeau. Puisse-t-il aussi ménager dans sa bonté quelqu'occasion propice qui vous ramène parmi nous et nous donne la joie de vous entourer de nos empressements respectueux et toujours dévoués.

Depuis que nous avons eu le bonheur de vous voir, Monseigneur, nous avons eu quelques pas assez rudes à franchir; il nous a fallu transporter en février de l'année dernière, notre maison d'orphelins et le siège principal de notre petite Communauté à Vaugirard, sur un terrain acquis par nous et dans des bâtiments construits presqu'entièrement par nos soins. Le troupeau de nos enfants est de plus de 100, ce n'était pas une entreprise sans difficulté de les installer convenablement dans leur nouvelle demeure avec tout le personnel de ceux qui les dirigent, les instruisent, et veillent nuit et jour sur eux. La divine bonté du Seigneur a pourvu à tout; nous sommes établis supportablement pour le présent et dans des conditions parfaites pour l'avenir.

D'une autre part, nous avons toujours notre petite maison de Grenelle; l'établissement charitable de la rue du Regard à Paris; un autre qui se construit sur l'emplacement destiné primitivement aux Capucins, enfin un aussi qui se fonde définitivement à Amiens.

Votre Grandeur verra par cette énumération sommaire, combien nous devons nous trouver chargés par tant d'œuvres ensemble, avec une petite famille qui n'a guère que 20 membres, ecclésiastiques, laïcs et frères de travail compris. Nous nous sommes pourtant bien souvent répété vos sages avis, Monseigneur, sur les inconvénients des charges trop multipliées, mais nous cédons à des nécessités impérieuses et qu'il ne dépend pas de nous de maîtriser. Nous espérons que le bon Maître auquel nous avons cru obéir continuera de nous assister et de prêter à notre faiblesse son tout-puissant appui.

Au milieu de nos travaux un peu rudes, de notre pauvreté accrue par la disette de l'année207, nous demeurons tous fermement attachés à notre petit institut, tendrement unis entre nous et dévoués sans restriction à nos œuvres. Pas un ne faiblit et ne reste en arrière, tous marchent ensemble priant, travaillant et bénissant Dieu. N'est-il pas en effet, bien miséricordieux pour nous, et n'a-t-il pas tiré de notre nullité bien plus que nous eussions dû attendre? Soyez assez bon, Monseigneur, pour l'en remercier avec nous et pour lui demander la continuation de ses tendres et généreuses condescendances.

Nous comptons parmi ses plus précieuses faveurs la protection et l'intérêt paternel dont vous daignez nous couvrir, nous espérons qu'il nous conservera un bien si cher pour nous. A défaut de votre présence et de vos avis tout directs, votre parole écrite dans l'excellent et tout aimable livre que vous nous avez envoyé nous a constamment instruits durant cette dernière année; nous en faisions notre lecture spirituelle commune de chaque jour et j'ose répondre que pas une phrase, pas un avis, une observation n'auront été perdus pour la petite famille. Ainsi me flattai-je, Monseigneur, qu'en nous visitant vous nous trouverez encore plus vôtres que par le passé, nous aurons gardé quelque chose de votre saint zèle, de votre constance généreuse, en un mot de votre esprit qui est celui de Jésus qui vit en vous.

Tous ensemble, notre p. Beaussier avec nous, nous nous agenouillons à vos pieds pour recevoir votre bénédiction d'Evêque et de Père.

Votre très respectueux et soumis fils en N.S.

Le Prevost

 

 





206 C'est l'ancienne 343-1 (tome IX de la précédente édition des Lettres de MLP.)



207 L'année 1854 s'était signalée en France par une très mauvaise récolte céréalière, dernière crise des subsistances que le pays ait connue.





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