310  à M. Caille

Les Quarante Heures à Vaugirard. Le Premier Tabernacle à Amiens.

Vaugirard, 14 juillet 1855

Très cher ami et fils en N.S.,

J'ai reçu votre bonne lettre et, deux jours après, le paquet d'étoffe que vous nous avez destiné; je vous remercie de l'un et de l'autre; l'étoffe est tout à fait propre à faire des habits de saison; vous agissez envers nous comme la Providence qui donne chaque chose à point et selon les besoins du moment.

Je vous aurais écrit plus tôt, mais, durant les jours que nous venons de passer, notre adoration des Quarante Heures, avant, pendant et après, nous a tellement occupés que nous avions à peine un moment de liberté. Notre petite chapelle n'a presque pas désempli durant trois jours; deux fois par jour, on y faisait des instructions avec des chants en l'honneur du Saint-Sacrement et les nuits se passaient aussi en adoration; nous avons vu avec joie ce concours d'hommages et de respects pour le divin Seigneur. Et voilà que sans retard il nous récompense de l'avoir entouré ainsi d'un peu d'empressement et d'amour, puisqu'Il accorde à notre chère maison d'Amiens le bonheur inestimable de le posséder incessamment. Oh! je m'en réjouis, nous nous en réjouissons bien avec vous ici; nous savons par expérience quelle force et quelle vie vient dans une maison avec Celui qui est la charité et la vie. Vous serez vraiment constitués du jour où le divin Maître viendra comme l'un de vous se faire frère parmi vous, pour vous gouverner, vous soutenir, vous assister en vos œuvres; nous allons tous le remercier de la grâce qu'Il vous accorde, nous la partageons vivement avec vous.

Mon f. Vince se tourmente plus qu'il n'est raisonnable au sujet de ma santé; un mouvement sanguin m'a donné un mal d'oreille et, en ensemble, j'éprouve depuis deux mois un peu de langueur, mais ces états sont si communs pour moi que je n'en ai nul souci, cela passera comme tant d'autres malaises qui n'avaient non plus rien de sérieux.

Les divers objets en plâtre que le f. Vince nous avait demandés sont prêts, j'attends seulement pour les emballer qu'ils soient un peu secs, afin qu'ils soient moins facilement brisés; les lampes seront mises aussi dans la caisse avec les catéchismes.

Le f. Paillé a représenté M. Mangot et les autres associés de la Société de St-Victor dans la réunion qui vient de se tenir pour l'examen des affaires intéressant cette Société. Il va être adressé un compte-rendu de cette séance; je pense qu'elle ne sera pas sans utilité pour la prospérité de l'œuvre; je vais du reste écrire quelques lignes à M. Mangot à ce sujet.

Adieu, bien cher ami, vous ne nous parlez plus de votre voyage; vous étiez prêt à partir il y a un mois et nous vous attendons encore; j'embrasse vous et vos frères dans les Cœurs sacrés de J. et de M.

Votre affectionné ami et Père

Le Prevost

P.S. Je crois que jeudi, fête de saint Vincent de Paul, nous allons admettre comme postulant un bon jeune homme qui me paraît animé des meilleures dispositions.