316  à M. Vince

MLP. le réconforte dans sa maladie; exhortation à maîtriser sa volonté et à consentir à l'œuvre de Dieu. Les travaux de Nazareth sont la croix de MLP.

[12 août 1855]

Cher enfant, comme vous êtes souffrant, je vous écris ces deux mots de tendresse pour compatir à votre mal et vous donner un peu de courage. D'abord, nous allons bien prier pour vous et reprendre notre petite invocation: Salus infirmorum, ora pro nobis, que nous avions fort négligée depuis quelque temps. Ensuite, j'écris à mon f. Caille que si le médecin jugeait nécessaire, pour hâter et assurer votre rétablissement, de vous faire changer d'air et de place, je trouverais très bien que vous vinssiez passer ici quelque temps, sauf à prêter pendant cela à notre maison d'Amiens le petit f. Marcaire qui est un peu moins chargé d'occupations que de coutume en ce moment.

Prenez bien patience dans cette petite épreuve, cher enfant, c'est l'heure de mériter devant le Seigneur et d'obtenir de Lui beaucoup de grâces. Vous demandiez avec ardeur qu'il vous donnât un peu plus de souplesse de volonté, un peu plus d'empire sur vos premiers mouvements; comme vous béniriez, n'est-ce pas, vos misères d'entrailles et d'estomac si elles vous obtenaient ce résultat si désiré par vous et si, en vous remettant sur pied physiquement, vous vous trouviez aussi débarrassé de vos tiraillements et difficultés d'intérieur; le bon Maître est si sage et si miséricordieux que, nous le pouvons penser, tels sont ses desseins. Laissons-le donc faire, très cher ami, et, quoique la nature crie un peu en nous, consentons à ses opérations pleines de science et d'amour.

Nous allons bien ici; nos enfants, à cause de la prochaine distribution fixée au 23 de ce mois, sont un peu dissipés; mais ils se remettront après leurs vacances qui sont de 15 jours passés, vous le savez, en promenades grandes ou petites, mais toujours très aimables puisqu'elles remplacent les classes.

Nos bons Restou vont bien; je les ai beaucoup vus depuis quelques mois à cause de nos travaux de Nazareth qui sont pour moi mon épreuve, mon tiraillement, ma croix; aussi, en vous exhortant tout à l'heure à la patience, je sentais que le sermon m'allait aussi très bien et j'en faisais mon profit.

Adieu, cher Joseph, embrassez tous mes frères tendrement pour moi; je les aime autant que si j'étais tous les jours avec eux.

Votre dévoué ami et Père en N.S.

Le Prevost