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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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369 à M. HalluinMLP. le presse de se réunir à l'Institut; "l'union des cœurs est la compensation des travaux et des sacrifices". Il développe ce qu'il lui a déjà écrit concernant la place et le rôle des prêtres.(l. 355). Avantage de l'union cordiale et vraie des deux éléments. La direction laïque n'a pas été une idée préconçue, mais le fait des circonstances.
Hyères, 29 avril 1856 Monsieur l'abbé, Votre bonne et charitable lettre du 23 de ce mois m'a rempli de joie et de consolation par les dispositions toutes favorables que vous y manifestez pour notre union projetée; je suis, de plus, convaincu que cette pensée est de Dieu; je lui en ai demandé instamment la réalisation, et j'ai la confiance que cette grâce ne nous sera point refusée. N'est-il pas bien désirable, en effet, que les hommes de cœur et de bonne volonté se concertent et s'unissent pour le bien; n'est-ce pas leur seule ressource pour s'opposer efficacement au mal? Vous l'aurez remarqué comme nous, Monsieur l'abbé, partout où le zèle s'applique avec ardeur et persévérance, il obtient des résultats inespérés; que les âmes vraiment dévouées se rapprochent donc et s'entendent et, malgré le malheur du temps, on opérera de véritables œuvres de salut. Je vous remercie des bonnes et encourageantes paroles que vous m'écrivez au sujet de mes frères de Vaugirard; c'est un tout petit troupeau, mais je crois qu'il marche sous les yeux de Dieu, animé de l'esprit de sacrifice et de vraie charité; je suis heureux, Monsieur l'abbé, que votre cœur ait senti pour eux quelque sympathie, j'en augure bien pour l'avenir; j'ose bien vous assurer d'avance qu'au jour où, comme je l'espère, vous nous accepterez définitivement pour frères, toutes ces âmes s'ouvriront et vous voueront une sincère, une inviolable affection. L'union des cœurs est parmi nous la compensation des travaux et des sacrifices, et nous pouvons dire qu'elle nous récompense déjà en ce monde du peu que nous faisons pour le bon Maître, car Il fait constamment régner dans la famille la paix la plus profonde et la plus douce intimité. J'ai la pleine espérance que rien dans l'avenir ne troublera cette bonne harmonie, pas même les quelques difficultés que vous paraît présenter la direction actuelle de la Communauté. Dès le commencement, nous nous sommes laissé conduire par la Providence, et nous sommes bien décidés à lui abandonner encore le gouvernement de notre avenir; peut-on faire fausse route quand on marche sous la conduite de la Sagesse infinie? La direction laïque, ainsi que je vous l'ai indiqué déjà, Monsieur l'abbé, n'a pas été chez nous un parti pris, une chose décidée a priori; notre petite famille ayant commencé et ayant été constituée par quelques laïcs dévoués que Dieu avait attirés à le servir uniquement, a continué à marcher comme elle avait été établie, après l'admission successive de quelques ecclésiastiques parmi nous; il n'en est résulté, jusqu'ici, ni froissement ni malaise, la charité intervenant dans tous nos rapports; nous ne savons ce que Dieu disposera pour l'avenir, mais nous sommes unanimes pour nous abandonner à son action puissante et mesurée tout ensemble. nous croyons fermement que l'union cordiale et vraie des deux éléments ecclésiastique et laïc est selon ses vues et peut donner de grands avantages que nous éprouvons constamment; mais nous trouvons plus prudent de laisser à sa divine bonté le soin d'équilibrer doucement ces deux forces plutôt que de mettre, peut-être maladroitement, la main dans une opération délicate et difficile. Dans l'état actuel, nos ff. ecclésiastiques ont la liberté la plus entière et les facilités les plus grandes pour l'exercice de leur ministère que préparent et assistent les efforts empressés et tout dévoués des ff. laïcs. La supériorité inhérente à leur caractère, à leurs fonctions relevées, à leur instruction plus haute et plus étendue leur font une place digne et justement influente dans la famille, tout en laissant néanmoins aux laïcs assez d'initiative et de libre action pour que leur part dans la vie commune et dans les œuvres demeure utile et réelle; on ne peut se dissimuler d'ailleurs que, quelque combinaison qu'on choisisse, l'union des ecclésiastiques et des laïcs, si elle est fraternelle et vraie, demandera toujours des premiers sacrifice de généreuse condescendance; qu'ils la donnent d'en haut ou qu'ils la donnent d'en bas, elle est nécessaire et essentielle; quel parti sera le meilleur? Le Seigneur en décidera. Quoi qu'il en soit, nous sommes bien convaincus que si, pour un plus grand bien, quelque modification semblait plus tard nécessaire dans notre constitution, elle s'opérerait d'elle-même, sans aucun choc ni secousse pénible, le désir de tous étant de marcher ensemble et de s'accommoder le plus sûrement possible pour arriver au but, qui est la gloire de Dieu, notre propre sanctification et celle de nos frères. Vous entrerez, j'en ai la confiance, Monsieur l'abbé, dans cette ligne toute fraternelle et toute chrétienne, et vous apporterez à notre œuvre une force de plus dans la prière, dans le zèle et dans la charité. Soyez assez bon pour assurer M. de Lauriston237 de nos affectueuses sympathies; nous prierons pour lui, pour vous et pour vos jeunes frères aspirants. Dieu verra l'humble désir de nos cœurs et son appui ne nous sera pas refusé, puisqu'Il a dit par ses anges: Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté238. Je serai de retour à Paris vers le 15 mai; ce serait donc, au plus tard, dans la dernière quinzaine de ce mois que je vous rendrais visite; je ne manquerai pas d'ailleurs de vous en avertir à l'avance plus précisément. Jusque là, demeurons, monsieur l'abbé, en union de prières et d'œuvres, ce sera une fraternité commencée qui n'attendra que sa consommation. Je suis, dans ces sentiments, bien affectueusement Votre humble et dévoué serviteur en J. et M. Le Prevost
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237 Né à Nantes, Georges Law de Lauriston (1808-1883) s'était préparé au sacerdoce au séminaire d'Issy, mais il y renonça et choisit une carrière administrative. Percepteur à Arras, il collabore à l'œuvre de l'abbé Halluin, par le truchement duquel il fait connaissance de la Congrégation. Sa véritable vocation lui apparaît alors et il entre en Communauté en 1857, à près de 50 ans. C'était "un gentilhomme d'éducation parfaite, délicat, courtois, et très simple. Son caractère enjoué lui gagnait aisément tous les cœurs. Il fut un des frères les plus aimés et les plus fidèles, mettant gaieté et entrain dans les récréations et fêtes de famille".
238 Cf. Lc 2, 14.
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