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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 301 - 400 (1855 - 1856)
    • 385  à M. de Lauriston
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385  à M. de Lauriston

Se défier de toute fausse humilité. Qualités de M. de Lauriston. La pensée de la miséricorde divine est un remède au découragement. MLP. lui établit un programme pour son séjour à Paris.

 

Vaugirard, 10 juillet 1856

Bien cher Monsieur,

Les quelques instants que j'ai passés avec vous à Arras m'avaient déjà mis en rapport de cœur avec vous, mais votre bonne et si confiante lettre achève l'entente parfaite que nos premiers entretiens avaient déjà commencée entre nous.

Je ne veux pas chercher à détruire les humbles sentiments que vous avez de vous-même, car c'est le premier et le plus sûr indice du travail intérieur de la grâce dans les âmes. Cependant, cher Monsieur, il me semble que nous ne devons pas méconnaître les dons de Dieu, que la reconnaissance nous y oblige et que nous courons risque, autrement, de tomber dans l'abattement et de laisser sans emploi les facultés et moyens dont sa grâce nous a munis. Or, je ne puis m'empêcher de trouver, après la lecture de votre lettre, que vous cédez trop à quelques tentations de découragement, que vous contristez comme à plaisir votre pauvre cœur par la vue de vos imperfections et fragilités; que vous dénaturez vos actions, même les meilleures en les attribuant à des inspirations purement naturelles; enfin, que vous détournez les yeux de tout ce qu'il y a de bon en vous pour scruter et analyser minutieusement les points défectueux de votre être, les quelques misères de votre vie. J'ose vous assurer, cher Monsieur, quoique ma science spirituelle soit bien peu profonde, que vous seriez mieux dans le vrai et trouveriez bien plus de paix si, en vous humiliant devant le Seigneur pour les faiblesses ou impuissances que vous pouvez, comme tous les autres hommes, vous reprocher justement, vous voyiez néanmoins d'un œil simple et confiant ce que tout votre entourage voit en vous: un cœur aimant et dévoué, des aspirations généreuses, une âme sensible et délicate, un esprit attentif et pénétrant, un désir vrai de glorifier Dieu, un zèle sincère pour le salut des âmes. Je n'insiste pas sur cette énumération que je pourrais rendre plus longue, pour ne pas trop blesser votre humilité; mais j'ai dû la faire au moins, en somme, pour rendre à Dieu ce qui lui appartient et constater une vérité dont vous ne me semblez pas assez frappé: c'est que vous n'avez pas été déshérité en ce monde et que le Seigneur vous a fait une part bien plus large qu'à beaucoup d'autres, et qu'enfin, quand même un peu d'alliage se serait mêlé à vos œuvres de piété et de charité, elles restent, nonobstant, méritoires devant le Père de toute volonté et de toute miséricorde. Ayons, cher Monsieur, une confiance sans bornes en ce divin Maître, puisque son amour est infini, et, si nous courbons la tête au souvenir de nos misères, oh! relevons-la et raffermissons notre cœur dans la pensée du tendre, du généreux et immense amour de notre Dieu.

Je souhaite bien, très cher Monsieur et ami, que ce sentiment remplisse votre âme: je ne doute pas alors que vous ne vous arrêtiez définitivement à la pensée de vous donner tout à Dieu. Peut-être, en étudiant bien vos facultés et aptitudes, trouveriez-vous que toutes vos peines sont venues de ce que vous n'étiez pas fait pour marcher seul, que votre âme affectueuse avait besoin de s'entendre avec d'autres, que vos forces eussent été agrandies et confirmées par votre association avec eux et que c'est à cette fin que le Seigneur voulait vous conduire.

Nous allons attendre dès ce moment votre visite; partez bien vite, cher Monsieur, et soyez sûr que vous serez accueilli par des frères et des amis. Je ne vous offre point d'excuses pour la pauvreté de notre maison; je sais que votre cœur chrétien a goûté assez intimement l'esprit du divin Sauveur pour n'être point rebuté d'une condition qu'il a lui-même choisie; j'ai la confiance que vous vous trouverez à l'aise au milieu de nous. Je ne me préoccupe pas non plus pour l'emploi de votre temps; vous examinerez nos œuvres et vous prendrez une petite part à nos travaux; je souhaiterais que vous vissiez d'un peu près les maisons de patronage, que vous causiez avec ceux qui les dirigent; vous pourriez mieux ensuite, même de loin, si le Bon Maître vous retenait plus tard parmi nous, envoyer à Arras quelques renseignements et conseils vraiment utiles. Enfin, mes frères, pour achever de remettre mes forces, m'ont loué un petit pied-à-terre à Chaville; vous y viendrez avec moi dans les jours où j'y puis aller; nous causerons tout à loisir dans cette solitude qui favorise si bien les mouvements intérieurs de la grâce divine; Dieu parlera à votre cœur, vous entendrez sa voix et vous ferez, enfant docile, tout ce qu'Il vous dira.

Adieu, bien cher Monsieur et ami; je prends ce nom parce que j'en ai les sentiments; j'ai la confiance que la charité du divin Sauveur s'accroîtra encore en nous pour nous unir en Lui.

Votre bien affectionné ami et frère en N.S.

Le Prevost

 

P.S. Nous avons l'adoration des Quarante heures à notre maison de Nazareth mercredi, jeudi, vendredi; faites en sorte de venir pour ce moment afin d'adorer avec nous.

Je vais écrire aujourd'hui ou demain à notre bon abbé Halluin; je crois que nous nous entendrons bien ensemble. Je suis en retard aussi avec les ff. Loquet et Michel; je vais tâcher de faire quelques lignes pour eux.

 




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