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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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424 à M. MaignenCorrespondre aux desseins de Dieu. L'attachement à la Règle favorise l'unité et soutient l'effort des membres de la communauté. Se pénétrer davantage de l'esprit de sacrifice. MLP. se montre exigeant à cause de l'affection qu'il porte à ses frères.
Cannes, 26 novembre 1856 Cher enfant en N.S., Je prends à dessein, pour vous écrire, un tout petit papier, afin de ne pas céder à la tentation d'employer avec vous seul le temps que je désire consacrer aujourd'hui à plusieurs de mes enfants de Nazareth, et me défiant de la longue habitude qui existe entre vous et moi d'une expansion facile et peut-être trop complaisante. Je n'ai guère d'ailleurs qu'à me réjouir avec vous et à bénir le Seigneur de la bonne assiette qu'Il a donnée à votre chère maison et des heureuses dispositions de tous ceux qui la composent. En même temps que vous m'en rendiez témoignage, notre bon p. Beaussier, dont j'ai reçu tout récemment une lettre, me disait aussi ses bonnes espérances sur l'avenir de cette petite fondation. Efforçons-nous, bien cher enfant, de correspondre, chacun pour notre part, aux desseins de la sagesse et de la miséricorde divines; Dieu fait beaucoup pour nous, Il a réuni entre nos mains de grands moyens pour notre sanctification et celle de plusieurs autres: une chapelle, un prêtre zélé, une Communauté, une Maison d'œuvres, un entourage d'amis et de coopérateurs dévoués; que de ressources si nous savions en profiter! que de raisons de bien espérer en l'avenir, si nous sommes assez fermes pour le soutenir! Je vois avec joie que vous gardez fidèlement votre règlement; je me convaincs de plus en plus de la force que donne à une Communauté cette précieuse attache à la règle; c'est le lien de l'unité pour tous, c'est l'appui de l'inconsistance propre pour chacun; sans cela, la communauté éparpille ses forces et annule son action, chacun de ses membres tendant à reprendre possession de lui-même par le caprice et l'arbitraire de ses mouvements. Je crois que vous gagnerez beaucoup, en particulier, cher enfant, en mettant ce frein à votre activité et à la soudaineté de vos inspirations dans les œuvres. Je ne dis, du reste, ce mot en passant que pour répondre à votre lettre, sachant bien que vous travaillez sérieusement à mortifier ce qui peut être à reprendre en vous. Quant à l'esprit de sacrifice, je pense avec vous que vous y arriverez de plus en plus en ne vous mettant pas trop au large, en vous brisant journellement dans les petites choses, enfin en revenant constamment à ce grand principe: souffrir et être humilié de bon cœur, c'est le résumé de la doctrine de Jésus-Christ. Notre petite Communauté tout entière me paraît être jusqu'ici entrée trop peu avant dans cet esprit, sans lequel pourtant il n'y a pas moyen d'avancer; daigne Celui qui a les dons d'amour, de lumière et de force les verser bien abondamment sur nous. Tout cela est bien sérieux, cher enfant; vous n'aimez pas mes lettres quand vous n'y trouvez pas en quelque coin un brin de tendre et vive affection; en cherchant bien, vous le découvririez sous ce que je viens d'écrire; je n'ai rien tant à cœur que de vous voir consommer en plénitude le généreux sacrifice que vous avez fait à Dieu de tout vous-même; votre perfection m'est chère, parce qu'elle glorifie Dieu, mais aussi parce que je vous aime tendrement, que vous avez pris en moi plus que d'autres, et qu'il me serait doux jusqu'à la fin de vous donner tout ce que mon indigence pourra produire de moins défectueux. Je n'oublie pas que la prière y fera plus que toutes les paroles du monde; je prie constamment pour vous et pour tous mes bien-aimés enfants, pour leurs œuvres et pour tous leurs besoins. Je puis dire que c'est ici ma principale affaire; je m'efforce de me pénétrer de cette conviction qu'on coopère aux œuvres de sanctification et de miséricorde en priant et en se soumettant docilement à la volonté divine; être inactif, quand nous avons tant à faire; sentir mon impuissance, quand je vous sais tous chargés, c'est une croix qui me brise péniblement, mais j'espère que je vous soulage toutes les fois que je dis: fiat voluntas tua; je le répète aussi souvent que je puis, même quand je souffre, comme cela m'est arrivé tous ces temps-ci. J'ai peine à m'acclimater, l'air de ces contrées est bien vif pour moi; puis la puissance du soleil m'excite outre mesure, à cause de la faiblesse de tous mes organes; ma poitrine s'est irritée de nouveau, mais tout cela est selon Dieu ou plutôt par Dieu. Le temps est superbe ici, le soleil luit tous les jours ou plutôt resplendit, le pays est magnifique, plus beau qu'Hyères, ce que je croyais presque impossible; que de sujets de peinture vous trouveriez ici! tout est tableau, tout semble disposé à plaisir pour donner les plus merveilleux effets; mais, pour moi, je ne sais pas peindre, j'admire et je loue l'auteur de toutes ces merveilles et je pense qu'il en a mis bien d'autres dans le monde de la grâce, bien d'autres encore dans le monde céleste où il daignera, je l'espère, nous réunir. Adieu, cher enfant, je vous embrasse avec quelque peine, à travers ces lignes entrecroisées; je le fais pourtant du plus fort de mon cœur. Votre ami et Père en N.S. Le Prevost |
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