432  à M. Planchat

M. Planchat doit dominer son impétuosité naturelle et se laisser conduire par son directeur, le père Beaussier. Les Conférences ecclésiastiques. Les Frères laïcs ont besoin d'être soutenus. MLP. prie pour la famille Planchat.

Cannes, 10 décembre 1856

dans l'octave de l'Immaculée Conception

Très cher abbé et fils en N.S.,

J'attendais depuis quelque temps la petite lettre que vous m'avez écrite, car vous n'êtes jamais des derniers quand il s'agit d'une prévenance et d'une attention de cœur; j'y ai été bien sensible et je vous en remercie. J'ai besoin d'ailleurs de rester en communication intime avec tous mes bien-aimés enfants; je me sens mal à l'aise quand je ne sais pas au juste où ils en sont; votre petite épître est venue me rassurer, pour ce qui vous concerne, puisque vous êtes toujours en bons rapports avec Dieu, avec vos frères et avec vous-même; sauf quelques misères quotidiennes qui sont comme la poussière qui vole, que nous chassons bien quelque peu, mais dont une part inévitablement s'attache à nous. Cette poussière, pour vous, bien cher ami, c'est le défaut de règle dans vos mouvements et l'impétuosité mal maîtrisée de vos saillies naturelles; les réprimer sera sans doute l'œuvre de toute votre vie, mais vous vous y dévouerez avec la bonne volonté et la persévérance que vous mettez dans les œuvres du dehors. Il a plu au divin Maître que chacun de nous eût ainsi une double tâche au dedans et au dehors, l'une et l'autre sont également méritoires si nous y sommes animés par la charité et par le désir de glorifier Dieu.

Je me réjouis bien de ce que notre p. Beaussier vous apporte de nouveau l'appui de ses conseils et de ses encouragements, c'est l'homme de l'espérance et de la confiance en Dieu; ceux qui ont ces dons sont puissants pour soutenir les autres. Ne négligez pas, bien cher ami, de profiter de ce secours pour vous et, autant que vous le pourrez, tâchez que les autres en aient aussi le bienfait; veillez en particulier à ce que les petites Conférences qui se doivent faire tous les quinze jours ne soient pas oubliées, et qu'elles soient aussi assez préparées pour avoir une réelle utilité²⁶⁹.

Je vous demande aussi de faire tout ce qui dépendra de vous pour édifier les jeunes ff. laïcs, les préoccupations nombreuses de M. Myionnet ne lui laissent pas peut-être toute la liberté d'esprit nécessaire pour que ses soins et sa vigilance ne les négligent jamais; ils ont besoin de beaucoup de soutien et, puisqu'il a plu à Dieu que jusqu'ici ils n'eussent pas de maître des novices, il faut que tous les anciens ff., avec la mesure et la circonspection qu'on doit mettre à tout, saisissent toutes les occasions de les instruire, de les soutenir, de les édifier.

Je vais prier à toutes les intentions que vous me recommandez, particulièrement pour obtenir que l'appui de M. Codant ne manque point à votre S^te-Famille. Je prierai aussi pour vos parents que j'affectionne sincèrement; Dieu entendra nos vœux pour votre pauvre Eugène²⁷⁰, dont la situation est digne d'intérêt. Je ne crois pas néanmoins qu'on puisse compter assez sur lui pour le tirer de la tutelle salutaire où la Providence l'a mis; je pense qu'il faut la laisser le conduire, et qu'on risquerait beaucoup en changeant de voie.

Adieu, mon bien bon ami; priez de votre côté pour moi, la prière est notre vie et le souffle qui anime nos œuvres, prions donc et ne nous lassons jamais.

Votre ami et Père en N.S.

Le Prevost