Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText |
Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
|
|
512 à M. HalluinPorter sa croix dans les œuvres. Nouvelles des frères. Bonheur et mérite de la vocation religieuse et charitable.
Vaugirard, 5 janvier 1858 Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S., Combien je regrette d'avoir laissé tant de jours sans réponse votre bonne lettre et celles de nos ff. d'Arras et de ne vous avoir pas remercié plus vite de vos bons souhaits, à l'occasion de la St Jean et du nouvel an. Ce sont précisément ces deux circonstances qui m'ont mis en retard par les dérangements dont ils ont été la cause. Je sens vivement, en cas semblable, combien dans les communautés l'ordre habituel et régulier est nécessaire, et combien tout ce qui le peut troubler doit être soigneusement évité. Merci mille fois, cher Monsieur l'abbé et bien bon ami, de toutes vos bonnes et encourageantes paroles, de vos vœux pour moi qui le mérite si peu, de votre affection pour notre petite famille de Vaugirard qui le rend bien à celle que le bon Dieu a mise sous votre conduite. Je lui rends grâce de la cordiale union qu'Il établit de plus en plus entre nous et du lien de pure charité par lequel Il nous attache entre nous et à Lui-même. Je dis de pure charité parce qu'aucune vue humaine ne nous a rapprochés les uns des autres et qu'aucun intérêt propre ne nous attire non plus aux œuvres laborieuses et humbles que nous faisons pour son service. Je sens bien quelles sont vos croix, cher Monsieur l'abbé, et j'en comprends d'autant mieux le poids que des épreuves pareilles aux vôtres nous sont ménagées journellement par la main du divin Seigneur. J'avoue pourtant que votre tâche est plus rude encore que la nôtre, parce que vous êtes moins secondé et que, de toutes nos œuvres, la vôtre est peut-être celle qui exige le plus de sacrifices et d'abnégation. Mais le bon Dieu le sait bien aussi. Il voit vos efforts, vos labeurs de chaque jour, j'ai la confiance qu'après vous avoir laissé asseoir cette institution aux prix de tant de peines et de fatigues, Il vous donnera les aides et allégements que sa sagesse et son amour auront préparés. Allons donc toujours, cher Monsieur l'abbé, en abandon et grande assurance, le Père qui nous aime nous suit des yeux, portons notre croix pour Lui plaire. Il la fera servir à sanctifier et bénir nos travaux. Je ferai, de mon côté, en toute circonstance, ce qui sera possible pour bien associer nos efforts aux vôtres, et alléger, pour notre bonne union, nos difficultés réciproques. J'ai reçu une lettre récente du f. Carment. Son père était toujours dans un état peu rassurant. Il est bien décidé, dès qu'un mieux un peu plus sensible va se montrer, à ne mettre aucun retard à vous rejoindre. Il me paraît regretter sincèrement de ne pas apporter sa part accoutumée à vos travaux. J'espère que son absence ne se prolongera pas beaucoup, en quelque sens que tournent les choses. Je pense avec vous que le f. Cousin, un peu formé, vous serait d'un assez bon secours. Nous le recevrons quand vous croirez utile de nous l'envoyer. Un ou deux mois le reposeraient assez peut-être, mais je ne sais si ce serait un temps suffisant pour le bien former aux exercices de communauté qu'il paraît comprendre et mieux goûter que les autres. Nous allons assez bien ici, sauf l'indisposition de trois de nos frères. Le f. Beauvais, de Nazareth, est absent pour quelques embarras d'affaires dans sa famille. Je le recommande à vos prières. Il est fort peiné des soucis de son père, excellent homme, mais qui a laissé un peu ses affaires s'encombrer. Notre cher enfant est bien jeune pour l'assister utilement par ses conseils, il a besoin de l'aide du Seigneur. C'est un excellent sujet et un de nos frères les plus sûrs et les plus dévoués. Le f. Georges [de Lauriston] a tenu compte de vos avis et a fait quelque mouvement pour régler ses affaires à Arras. Il est toujours bien bon, mais pas d'une grande force physique et se troublant aisément dans l'action. Son bon esprit et sa piété le rendent néanmoins bien utile partout où il est placé. Je voudrais écrire à tous nos ff. d'Arras quelques mots particuliers pour chacun, mais cela me mènerait trop loin aujourd'hui et m'obligerait à retarder encore l'envoi de cette lettre. Assurez-les, cher Monsieur l'abbé, que la plus vraie, la plus sincère affection nous unit à eux, que nous ne mettons devant Dieu et dans sa charité aucune différence entre eux et ceux de nos frères qui sont constamment sous nos yeux. Nous demandons ardemment pour eux au Seigneur qu'ils comprennent toujours de mieux en mieux combien il les a privilégiés en les retirant des dangers du monde et en les attachant à son service. Nous les assurons qu'à mesure qu'ils avanceront et croîtront en expérience et en lumière, ils verront de plus en plus clairement tout ce qu'il y a d'erreurs, de mensonges et de misères dans la société si malheureusement pervertie dont ils se sont éloignés. Y faire son salut y est chose bien malaisée, tandis que, dans la voie paisible où ils se trouvent, leur sanctification est assurée. Nous leur souhaitons aussi de comprendre que sous la croix et les rudes labeurs de la vie, il y a des douceurs cachées et que Dieu les répand sur les amis fidèles qui le servent avec dévouement et persévérance. Puissent ces faveurs célestes tomber sur eux en abondance et plénitude, puissent leurs cœurs trouver dans la divine charité un secours, une consolation dans leurs peines, une espérance et un avant-goût du Ciel. Ce sont les vœux que je forme pour vous, cher Monsieur l'abbé, et pour eux tous, j'espère que notre Père Céleste daignera les exaucer. Je me tiens avec vous, cher Monsieur l'abbé, contre le divin Cœur de Jésus et je suis en Lui Votre ami et Père tout dévoué Le Prevost
P.S. Ci-joint un petit mot pour Paul Piard. Cet enfant a besoin d'être de temps en temps stimulé spirituellement; il est disposé aux scrupules; je ne sais pas au fond ce qui l'éloigne de la communion fréquente; je crains qu'il n'y ait quelques fragilités qui demanderaient du soutien; je pense qu'il faut l'exhorter à se confesser souvent. Ma santé est faible, mais je vais jusqu'ici sans accidents.
|
Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText |
Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2008. Content in this page is licensed under a Creative Commons License |