603  à M. Caille

M. Halluin a renoncé à établir un cabinet de lecture. Union entre les maisons et entre les frères. Productions de l'atelier de bronze de Vaugirard.

Vaugirard, 11 mars 1859

Mon bien bon ami et fils en N.S.,

La dernière lettre que vous m'avez écrite est restée quelques jours à Nazareth avant de me parvenir, j'ai moi-même un peu tardé à vous répondre; j'espère que vous n'en êtes point contrarié; nos occupations, vous le savez, sont bien multipliées, au jour le jour, il nous advient mille soins qui, trop souvent, nous absorbent plus que nous ne le voudrions.

J'ai vu avec une vive satisfaction, mon bon ami, que vous ayez pu, sans manquer à l'obligeance ni à la charité à l'égard de M. l'abbé Berton, éviter d'admettre un cabinet de lecture dans votre maison; je me serais cependant tout à fait rendu à l'avis de M. Cacheleux et vôtre, si vous aviez persisté à penser que la chose eût moins d'inconvénients que je ne le croyais. Je vous sais aussi bien bon gré d'avoir si cordialement renoncé à votre sentiment en cette occasion, cet acte de détachement sera agréable aux yeux de Dieu. Quant à la proposition qui vous est faite pour les fonctions d'exécuteur testamentaire, je pense tout à fait comme vous que nous devons bien éviter de rien faire qui puisse mécontenter l'Evêché, et qu'il n'y a pas lieu d'accepter la proposition si elle doit avoir cette conséquence; d'autant que la personne dont il s'agit ne manquera pas de trouver quelqu'un de sûr pour exécuter ses volontés et qu'il n'y a conséquemment nul défaut de charité à décliner ce soin; pensez-y de nouveau et faites, après avoir examiné la chose devant Dieu, ce qui vous paraîtra, en définitive, préférable, je m'en rapporte tout à vous pour cette détermination en un sens ou en un autre.

L'échéance de la traite de Sedan pour notre drap doit échoir ces jours-ci; puisque vous voulez bien la payer, je tiendrai à votre disposition les 416f qui en forment le montant, pour être remis soit au moment de la retraite, soit avant, si vous avez quelque prochaine occasion.

La retraite aura lieu le 4 avril et jours suivants; elle sera donnée par le r.p. Renaud, qui nous l'a déjà donnée l'année dernière et dont nous avons été extrêmement satisfaits; vous verrez si quelqu'un de vos frères peut s'échapper pour y prendre part et si vous-même trouvez possible d'y faire quelque apparition, je sais quelles charges pèsent sur vos épaules et combien vous êtes tous strictement retenus.

Je suis heureux d'apprendre que mon f. Henry [Guillot] va mieux; j'espère qu'un peu de temps suffira, avec vos bons soins si pleins d'affectueuse sollicitude, pour achever de le remettre; assurez-le, ainsi que le f. Marcaire, de nos tendres sentiments. Tout le monde ici reste bien dévoué à votre maison et n'y fait point de différence avec celle de Vaugirard; c'est ainsi que le Seigneur nous veut.

Nous avons deux jeunes frères nouveaux qui nous conviennent bien, j'espère qu'ils s'accoutumeront avec nous; l'un d'eux est M. Augustin Déage de Pont-S^t-Maxence, il est venu avec nous depuis le 5 de ce mois, nous espérons bien de son avenir parmi nous.

Je vous recommande à l'occasion notre magasin de bronze; nous faisons maintenant, aux prix les plus favorables et en de bonnes conditions, tous les vases d'autel et aussi tous les bronzes: chandelier, croix, lampes, etc. Nous avons aussi une multitude de petits bronzes d'art pour les loteries, depuis 1f jusqu'à 500.

Adieu, mon bien bon ami, nous serons heureux de vous revoir, heureux aussi d'embrasser nos ff. Henry et Jules [Marcaire].

Votre affectionné ami et Père en N.S.

Le Prevost