865  à M. Paillé

Avis sur un postulant.

1^er novembre 1862

Toussaint

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            M. Emile [Beauvais] a pris l'initiative pour ce qui concerne les services de Nazareth et m'a remis une petite note que je joins ici, la recommandant à votre attention et à celle de notre f. Maignen.

            J'ai jugé un peu vite M. Pierre [Mouret], ne faisant pas assez attention qu'à son âge il est plus difficile de se plier aux usages d'une communauté qu'un tout jeune homme. Je lui dois aussi cette justice qu'après un peu d'étonnement, il s'est soumis à tout, simplement et avec une disposition de cœur très louable. Je n'hésite pas à dire qu'en le prenant comme postulant, on aurait en lui un sujet infiniment préférable à tous les sujets salariés qu'on pourrait employer.

            S'il agréait à M. Maignen et à vous et qu'il vous fût commode qu'il résidât à Nazareth, je désirerais qu'il passât un jour à Vaugirard chaque semaine. Il va bien avec moi pour la direction et la confession, je trouverais bien qu'il continuât à rester sous ma conduite à cet égard.

            Voyez tout cela avec M. Maignen et répondez-moi; je conseille la chose, mais comme quelques points dans les services peuvent m'échapper, je ne la prescris point.

            Votre tout affectionné ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost

            La probité et la conduite de M. Pierre peuvent être garanties. Il est docile et se prête chez nous à toute espèce de travaux. Il rédige très convenablement.

Note de M. Emile:

            J'ai appris, mon bon Père, que l'on cherchait un frère pour le mettre à Nazareth, en remplacement de M. Marie de Pierreux qui donne quelques inquiétudes sur sa vocation ou sa santé.

            Depuis que M. Pierre est avec moi à l'économat, il m'a été facile d'apprécier tout ce qu'il y avait de ressources chez ce bon Frère pour nos œuvres, et il m'a semblé que M. Maignen ne serait point mal partagé si on le lui donnait.

            M. Pierre, comme ancien économe, possède une certaine connaissance de la valeur des choses et de la manière de traiter les affaires, qui le rendrait certainement fort précieux pour tout ce qui regarde l'administration matérielle du patronage. Il a ensuite de l'instruction, de bonnes manières et il s'exprime parfaitement bien; avec cela, il serait fort bien reçu dans les ateliers, et comme il est d'un âge grave, il n'en réussirait que mieux auprès des patrons et des différentes personnes avec lesquelles on a à traiter pour cette œuvre.

            La seule difficulté que je verrais pour lui, c'est sa mauvaise vue qui le rendrait peu propre à la surveillance le dimanche. Mais M. Maignen n'aurait peut-être pas de peine à le faire suppléer dans cette fonction par les dignitaires et les Confrères.

            Ce sera une véritable perte pour moi de n'avoir plus ce bon Frère à ma disposition. Il faisait mes courses à merveille et aurait pu me rendre bien des services pour les écritures et pour tout, mais, s'il peut être plus utile ailleurs, j'en prendrai mon parti.

                                                             31 octobre 1862

                                                             Emile Beauvais