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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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974-1 de M. Baumert à M. Le Prevost366 - Réponse de M. Le PrevostMLP. corrige un exercice de rédaction en français qu'il a demandé à un novice.
fin 1864 Mon Révérend Père, J'ai bien mérité le reproche que vous m'avez déjà fait plusieurs fois de différer toujours si longtemps de vous écrire ma lettre; ne croyez pas cependant, mon Révérend Père, que ce soit par oubli ou par négligence. Oh non, je connais déjà assez les obligations que j'ai à remplir envers vous et ce que mon état exige. Comment pourrais-je aussi, moi religieux, violer ou négliger volontairement les devoirs que cet état m'impose, mais permettez que je vous dise, mon R. Père, que mon cœur a toujours été rempli d'un amour et d'un zèle ardent de répondre aux désirs et espérances que vous avez en moi. La condition dans laquelle je me trouve actuellement me paraît en vérité un peu critique puisque je me trouve, pour ainsi dire, entre deux feux, de son côté, P. Faÿ demande le remplissement fidèle de mes devoirs de la classe; je suis donc, par conséquent, occupé tout le temps qui est donné aux Persévérants, mais quelquefois encore, ce temps m'est raccourci par les différents exercices des Frères. De l'autre côté, mon cœur, obligé par votre bonté, veut répondre à vos désirs. Me voilà, mon Père, jugez si je suis coupable, si cette lettre convenue, quelquefois ne paraît pas. Autant qu'il est dans mes forces, j'employe toujours les courts moments de la récréation à m'appliquer et étudier le français, et il est dans ma volonté de préférer, après Noël, cet exercice à tous les autres. Pour ce qui regarde mes sentiments et l'état spirituel de mon âme pendant le temps dernier passé, je ne vous ai à dire que mon ennemi vieux, irrité de me voir arraché de ses embrassements et pièges de son atelier, du monde, ne se contente non seulement de ses attaques qu'il a fait jusqu'ici, mais il vient aussi, après avoir rassemblé toutes ses forces, pour monter à l'assaut, pour ainsi dire, à mon cœur qui avait commencé, par quelques consolations, à devenir une tour fortifiée. Il me paraît presque que les peines et les contradictions naissent sous mes pas, mon caractère naturellement gai et expansif, devient triste et mélancolique. Dans ces pénibles moments, cet ennemi est d'autant plus redoutable puisque toutes mes faiblesses lui sont connues. Plaise à Dieu de m'envoyer son secours; pour moi, je ne suis, je ne peux rien. A la fin de cette lettre, j'ose encore vous adresser une demande qui m'est d'autant plus importante, qu'il regarde ce qui m'est le plus cher après Dieu et ses saints. Le beau jour de Noël va bientôt reparaître. Son retour me comble de joie mais il me rappelle aussi une obligation que j'ai à remplir envers mes parents. Si j'étais auprès d'eux, je ne me servirais ni d'encre ni de papier pour leur expliquer mes sentiments d'amour filial. Mais cette douce jouissance m'est refusée. C'est aujourd'hui que l'intervalle qui me sépare d'eux me paraît dur et pénible. Que n'ai-je à ma disposition un de ces wagons qui, dit-on, sont aussi rapides que le vent. Oh, comme je serais bientôt entre leurs bras, mon cœur désire vivement prendre son vol vers une mère tendre et chérie pour lui renouveler ses protestations d'amour et d'attachement qu'il lui avait fait le jour de notre séparation. Et pourrais-je lui faire une plus grande joie que de lui féliciter par le même cadeau que j'ai donné dès mon enfance, savoir le témoignage de ma conduite. Je me dresse donc à votre bonté, mon Père, et je vous prie de faire écrire par le P. Faÿ, quelques mots sur ma conduite, sur les progrès que j'ai faits dans mes études. Voilà donc ma demande; je crois que vous m'accorderez cette grâce, la plus grande joie pour mon oncle et mes autres parents. Avec le sentiment d'une plus profonde révérence Votre fils Urbain
Ce que vous demandez sera accordé. Cette lettre a moins de fautes que de coutume. Le progrès est sensible. Je ne demande de lettres que pour les jours où vous aurez un peu de loisir pour les faire. L. P.
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366 Le P. Baumert ajoute, bien longtemps après, ce témoignage: « Etant encore novice à Chaville en 1864, ne sachant pas le français, le bon Père Fondateur, M. Le Prevost, se préoccupa de mes progrès dans la langue française. venant, chaque samedi, à Chaville, il désira que je lui écrivisse une lettre comme simple exercice. Il prit la peine de les lire et de les corriger lui-même. La seule de ces lettres que je retrouve ici est datée de Grenelle où je m'occupais chaque dimanche de l'œuvre des Allemands. C'est un précieux autographe qui témoigne de la bonté et de l'extrême condescendance de M. Le Prevost... » |
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