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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1001 - 1100 (1865 - 1866)
    • 1017  à M. de Varax
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1017  à M. de Varax

Appréciations de MLP. sur la population d'Allevard. Détails sur la vocation de M. Charrin et de M. Camus. Les jeunes philosophes.

 

Allevard, 17 août 1865

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Ma lettre dernière s'est croisée avec celle que vous m'écriviez vous-même, il n'en sera pas peut-être de même pour celle-ci qui sera, sans doute, la dernière écrite d'Allevard, car, mon f. Paillé et moi, nous comptons partir lundi prochain pour aller coucher à Lyon, d'où, le lendemain, nous partirons pour Paris. Nous y arriverons sur les 7h. du soir. Vous voulez bien, cher ami, exprimer le désir que ma santé se soit bien trouvée du séjour des eaux, je ne saurais dire ce qu'il en sera; j'ai passé les 15 premiers jours à essayer ces eaux qui ne me réussissaient point et surtout à souffrir des nourritures moins simples qu'il me les fallait; depuis huit jours, je me sens mieux et un peu reposé. En ensemble, ce pays nous plaît médiocrement, les habitants sont pauvres et portent péniblement leur vie rude et laborieuse, on ne sent pas parmi eux le calme et la consolation que Dieu donne à ceux qui travaillent sous ses yeux; je ne puis dire qu'ils ne sont pas assez chrétiens, ne les ayant pas vus assez à loisir, mais je le crains; un grand nombre aussi sont disgraciés naturellement par des goitres qui semblent l'indice d'une déformation aussi dans l'esprit, les crétins se rencontrent fréquemment et c'est une vue des plus attristantes. Parmi les étrangers, on voit beaucoup de prêtres que la prédication a fatigués, beaucoup de religieux et religieuses épuisés par les labeurs de l'enseignement. Il y a quelques promenades qu'on dit être dignes d'être visitées, mais à quelques distances un peu longues; nous n'y sommes pas allés jusqu'ici; on cite en particulier les ruines du couvent de St-Hugon, à 2h.1/2 d'Allevard; c'est le premier asile préparé pour les Chartreux par st Bruno avant la fondation de la Grande Chartreuse.

     En passant par Lyon, nous verrons peut-être un moment notre ami, M. Charrin; avant son départ de Paris, il a fait une retraite sérieuse chez les pp. Jésuites et s'est assuré décidément qu'il était vraiment appelé au service de Dieu dans notre Communauté; il m'a écrit ici pour me l'annoncer et demander son entrée au milieu de nous. Il travaille présentement à obtenir le consentement de son père; il espère bien qu'il n'aura point de refus, ce père étant sincèrement chrétien et ayant précédemment déclaré qu'il ne mettrait point obstacle à sa vocation, s'il en avait une; mais le moment décisif a toujours ses difficultés, priez donc pour cet excellent ami dont vous savez les aimables qualités.

            Pour notre cher M. Camus, il est toujours dans la lutte et les rudes épreuves; on lui conseille d'entrer une année à Issy pour gagner du temps, laisser les colères s'éteindre et trouver un peu de relâche à la persécution; j'y ai consenti comme expédient, avec un peu de regret, mais le père trouve qu'Issy est encore trop près de St-Sulpice où il sait que sont des ff. de St-Vincent de Paul, il repousse donc Issy; on parlemente sur ce point; vous voyez combien ce pauvre enfant a besoin d'être assisté; priez pour lui tous les jours, jusqu'ici il est d'un courage exemplaire.

            Point de nouvelles encore de l'ami Chaverot. Je crains que lui aussi n'ait ses épreuves à subir.

            Les nouvelles diverses de Paris et autres lieux n'ont rien de notable.

            Je ne sais bien encore comment se vont arranger les dispositions pour les jeunes philosophes; à mon arrivée, je vais y pourvoir, j'espère que cela sera pour le mieux. Merci, bien cher enfant, de votre tendre et charitable intérêt pour eux; que votre vénéré grand-père est bon, délicat, généreux; que ces âmes sont aimables sur la terre et comme elles brilleront au Ciel!

            M. Paillé m'arrache cette lettre pour le départ; lui et moi vous embrassons en J. et M.

                                                                                             Le Prevost

 

 




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