Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Jean-Léon Le Prevost
Lettres

IntraText CT - Lecture du Texte

  • Lettres 1101 - 1200 (1867)
    • 1106  à M. Chaverot
Précédent - Suivant

Cliquer ici pour activer les liens aux concordances

1106  à M. Chaverot

Bonheur de la vocation religieuse. Epreuves dans la famille Tourniquet. Fête de Saint Vincent de Paul: sa vie est comme le Saint Evangile.

 

Vaugirard, 13 juillet 1866

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je trouvais, en lisant votre petite lettre, presque autant de sujets de rendre grâces à Dieu qu'elle comprenait de lignes; tout s'éclaircit, tout s'arrange pour le mieux, non sans peine et sans sacrifice des deux parts dans votre famille; mais ces sacrifices, qui voudrait les retrancher puisque c'est par là, sans doute, que vous et les vôtres serez particulièrement agréables à Dieu. Espérons-le, l'œuvre aura sa consommation et le jour viendra où vos bons parents béniront le Seigneur qui a daigné choisir un de leurs fils pour en faire tout ensemble un prêtre et un religieux, c'est-à-dire l'œuvre la plus parfaite que Dieu lui-même puisse tirer de sa créature, puisqu'Il lui donne tout et que l'humble créature, à son tour, donne tout ce qu'il est en elle de donner; espérez que ces bons et si chrétiens parents sentiront cela, avec la grâce d'en haut, et chanteront la louange de Celui qui a fait en vous de grandes choses: magna fecit qui potens est.

            Il ne s'est passé, depuis votre départ, qu'un certain nombre de faits qui méritent d'être mentionnés. Notre f. Jean-Marie [Tourniquet] a été appelé à Amiens par la mort d'un second frère que le terrible fléau vient de lui enlever. Le fils aîné de ce dernier est malade, mais jusqu'ici sans apparence inquiétante; vous prierez pour ce bon frère que vous aimez et qui est bien rudement éprouvé; il était souffrant au moment de son départ et nous ne le voyions pas sans inquiétude aller en cette disposition dans un lieu visité par l'épidémie, dont Dieu se sert pour nous châtier et pour nous rappeler à sa loi; Il le prendra par la main et nous le ramènera; vous vous souviendrez de lui, car nul parmi nous ne vous est plus dévoué que lui.

            M. de Varax est parti lundi dernier pour Autun; il y a vu Mgr l'Evêque qu'il a trouvé fort bien disposé à l'ordonner, sauf l'avis de Mgr d'Arras à qui on a écrit, afin de concerter les choses avec lui; il ne paraît pas néanmoins que cette ordination doive avoir lieu avant le mois de septembre; du reste, M. de Varax vous a peut-être déjà écrit lui-même; il le fera au plus tôt, si déjà vous n'avez sa lettre entre vos mains.

            Nous nous préparons à la fête de St Vincent de Paul; nous tâcherons qu'elle soit avant tout une fête spirituelle, une occasion pour nous de nous rappeler plus fortement les vertus de St Vincent de Paul et d'obtenir par son entremise d'abondantes grâces pour notre petite famille. Je me réjouis de plus en plus que Dieu nous l'ait donné pour patron; sa vie est, proportion gardée, comme le Saint Evangile: plus on la lit, plus on y trouve de lumière et de sainteté. C'est que la sainteté n'est, en effet, que la réalisation de la doctrine évangélique, un écoulement de l'Esprit de J.C. dans ses saints.

            C'est samedi aujourd'hui; j'ai plus d'occupation que de coutume ce jour-là et d'ailleurs ma journée se termine à 3h., moment de mon départ pour Chaville. J'abrège donc ces quelques lignes. Je pense que je resterai ces jours-ci à Chaville, jusqu'à la fête de St Vincent de Paul. C'est là que vous me trouverez et que je vous attendrai. Tous nos frères seront aussi heureux de vous voir et demanderont à Dieu que vos bons parents lui fassent ce sacrifice, puisque le bien de son service vous appelle ailleurs. Cette pensée me console un peu de votre départ pour Arras. C'est que, indépendamment des convenances de la vie religieuse, nous avons pour raison de votre rappel parmi nous, non notre propre satisfaction, mais les exigences d'une œuvre en souffrance, à distance notable de nous. Nous partageons donc le sacrifice imposé à votre famille.

            Adieu, bien cher ami et fils en N.S., notre affection est trop bien assise pour que j'aie besoin de vous en redire l'assurance; je vous embrasse seulement au nom de tous dans les Cœurs sacrés de J. et de M.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost

 

 




Précédent - Suivant

Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC
IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2008. Content in this page is licensed under a Creative Commons License