1125  à M. Decaux

Changement d'obédience pour le frère Charrin, dont MLP. brosse le portrait.

Vaugirard, 7 septembre 1866

            Mon bon ami,

            Je vous poursuis dans votre retraite et j'interromps presque à regret votre repos si nécessaire pour vous entretenir, mais en quelques mots seulement, d'une circonstance intéressant nos patronages.

            Je prévois qu'après notre retraite, qui va se donner dans le courant de ce mois, je vais être obligé de donner à M. Charrin une destination qui l'éloignerait pour un temps de Paris. Comme il avait été vaguement question entre nous du remplacement de M. Derny à S^te-Anne et que j'avais proposé pour cette mutation M. Charrin, je n'ai pas voulu consentir à son éloignement avant de m'assurer qu'il ne dérangerait pas vos vues. Je vous prie donc de m'écrire une ligne à ce sujet.

            A mon avis, M. Charrin ne remplacerait pas pleinement, au moins pour les premiers temps, M. Derny; il a des qualités excellentes, une douceur charmante de caractère qui n'exclut ni le mouvement ni l'initiative dans les œuvres, mais il est moins fort physiquement que M. Derny et il n'a pas eu une aussi longue expérience que lui des pratiques du patronage; vous jugerez, mon bon ami, de la convenance plus ou moins grande que l'un ou l'autre aurait présentement pour convenir à l'œuvre de S^te-Anne.

            Je souhaite bien que, malgré le mauvais temps, vous tiriez bon parti de vos trop courtes vacances; je recommande notre petite famille et moi-même à vos prières et je vous promets que nous ne vous oublierons point de notre côté. Offrez nos bons souvenirs à M. Beluse si, comme je le présume, il est auprès de vous.

            Je suis bien affectueusement en N.S. tout à vous de cœur.

                                                                                             Le Prevost