1163  à M. Caille

Reconnaissance envers une bienfaitrice défunte. Encouragements à des frères.

12 janvier 1867

            Mon bon ami,

            Je reçois à l'instant la lettre par laquelle vous nous apprenez la perte sensible que vous venez de faire, je puis dire que toute notre famille vient de faire, dans la personne de l'excellente M^lle de Lupel. Elle était assurément sur cette terre un de ces anges de bonté et de charité que le Seigneur envoie à ceux qui le servent pour les encourager dans leurs travaux et leurs difficultés; Il l'a rappelée à Lui pour la récompenser de ses vertus et pour grossir au Ciel le nombre des âmes saintes qui continuent là-haut, avec des moyens bien plus puissants, les œuvres miséricordieuses qu'elles opéraient ici-bas; ayons donc confiance, si elle est gagnée pour le Ciel, elle n'est pas pour cela perdue pour la terre; demeurons en relation avec elle, nous par nos prières, elle par ses entremises auprès de Dieu.

            Je vais dire, au commencement de la semaine, les trois messes que vous me demandez; nous acquitterons ainsi, et par les prières de toute la Communauté, les obligations que ses bontés nous ont fait contracter envers elle.

            Encouragez notre f. Marcaire; assurez-le que les deux jeunes frères qu'il a [MM. Jouin et Hubert] sont bons et sincèrement dévoués; avec un peu de temps, il les formera à leurs nouveaux emplois et tout ira bien mieux; nous songeons aussi toujours à vous destiner un prêtre; ce serait l'affermissement de vos œuvres et une source de bénédictions pour vous comme pour vos enfants; mais il ne faut pas nous lasser au service du Seigneur, Il veut qu'on attende les temps qu'Il a marqués et qu'on gagne par la patience les grâces qu'Il nous prépare.

            Je trouve très bonne votre pensée pour l'emploi du legs; il faudra aviser à en faire le placement d'une manière sûre. Adieu, mon bon ami, mille affections à vous et à tous nos frères.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost