1185  à M. Trousseau

Soins de la santé. MLP. porte surtout grand intérêt à son avancement spirituel.

Vaugirard, 12 mars 1867

            Mon cher ami et fils en N.S.,

            Je vous remercie de l'envoi que vous m'avez fait de l'ordonnance médicale destinée à M. Mitouard; il est aussi bien reconnaissant de cet envoi.

            J'aurais voulu vous envoyer des nouvelles de M. de Varax, mais je n'ai point reçu de lettres de lui depuis son départ de Paris; peut-être vous a-t-il écrit? Nous continuons à prier pour son frère et pour sa bonne mère.

            Nous vous recommandons, de notre côté, M. Philibert dont les forces déclinent sensiblement; il ne se lève plus guère; il ne peut marcher, ses jambes étant enflées; il est en très bonnes dispositions d'esprit.

            J'aurais besoin moi-même de recommander mes jambes aussi à vos bons souvenirs, car elles sont si faibles, et parfois l'une des deux est si endolorie en suite d'une chute négligée, que je ne marche plus sans deux cannes. Je puis encore dire la S^te Messe, et je me traîne le samedi à Chaville.

            J'ai la confiance que vous êtes en paix toute fraternelle en l'absence de M. de Varax, et que la régularité accoutumée est gardée autant bien que vous pouvez l'observer. Obligez M. Charrin à quelques ménagements pour son rhume; assurez tous nos frères de ma tendre sollicitude et de ma constante affection pour eux. Il me serait doux de leur écrire à tous de temps en temps, mais je n'y sais pas suffire; l'hiver m'a fort affaibli cette année et me rend encore moins expéditif que de coutume.

            Pour ce qui vous touche en particulier, cher enfant, je pense souvent à vous devant Dieu, demandant que vos bonnes et heureuses qualités se dégagent de plus en plus de quelques restes d'alliage qui en altèrent encore quelquefois l'heureuse influence; mais j'ai bonne confiance, je sais que vous avez l'œil ouvert, que vous luttez et priez toujours; avec cela, la victoire est certaine et, avec elle, la paix de l'âme et la plus douce union avec le bien-aimé Seigneur.

            Adieu, cher enfant, je prie S^t Joseph de vous bien garder tous et d'être votre Supérieur durant tous les jours qui lui sont consacrés.

            Votre tout dévoué ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost